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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Croyances politiques

Publié le 28 Novembre 2012 par Jean Mirguet dans Politique

UMPL’UMP, ses chefs et ses militants sont des croyants : ils croient à l’unité de la droite républicaine.

Niels Bohr, le physicien danois connu pour être un des fondateurs de la physique quantique, fut un jour visité par un ami. Celui-ci hésitait à franchir la porte de la maison sur laquelle était cloué un fer à cheval, superstition selon laquelle cela porte chance. L'ami dit à Bohr : "Tu es un scientifique de premier rang, comment peux-tu croire à ces superstitions populaires?". "Je n'y crois pas !", répondit Niels Bohr,  "mais quelqu'un m'a dit que ça fonctionne, même si on n'y croit pas !". Autrement dit, il suffit d’être partie prenante de liens collectifs, d’être fidèle à des rituels ou des conventions pour rejoindre la cohorte des croyants. On n’y croit pas vraiment, mais on fait semblant de croire que ça fonctionne puisque cela fait partie de l’ordre symbolique existant.

Tel semble être le statut de la croyance de ceux qui se rassemblent sous la bannière UMP : ils n’ont plus vraiment besoin de croire aux vertus du combat politique, il leur suffit d’agir comme s’ils y croyaient. Ainsi, ils n’auront plus besoin de croire eux-mêmes ! Il va sans dire que ce fonctionnement n’est pas l’apanage de la seule UMP qui a au moins le « mérite » de l’étaler, à ciel ouvert, sur la place publique.

En somme, comme l’avance le philosophe Slavoj Zizek, tirant les conséquences du conseil donné par Blaise Pascal aux non-croyants qui aimeraient croire, quelqu’un qui se met à genoux et prie n’a plus besoin de croire lui-même puisque sa croyance a été objectivée dans l’acte de prier. Il prie donc, moins pour renforcer sa foi que pour s’en débarrasser.

Si mes croyances se déploient dans un rituel, par exemple dans une élection prétendument démocratique, auquel j’obéis machinalement, l’acte que j’accomplis concerne des sentiments, des représentations, des croyances déconnectés de leur fond de vérité. Quand J.F. Copé propose à F. Fillon la vice-présidence de l’UMP, il est clair qu’il fait comme s’il y croyait. Il n’est pas hypocrite, il pense que, vraiment, sa proposition est honnête. Ce que Copé exprime à travers le masque du faux démocrate et qu’il feint de ressentir n’est pas quelque chose de faux : même s’il ne la ressent pas comme vraie, sa proposition n’en est pas moins authentique en un certain sens. Sa vérité s’exprime davantage sous le masque d’un personnage de fiction qu’avec son « vrai moi ».

C’est en quoi, comme l’avance Lacan, « la vérité a une structure de fiction ». Ce qu’il y a de faux dans le feuilleton de l’UMP, c’est que la démocratie qui s’y déploie est aussi réelle qu’une bière sans alcool. Comme dans un roman, « les personnages de cette histoire sont fictifs : toute ressemblance avec des personnages réels serait purement accidentelle ».

La fiction symbolique est trompeuse, mais ne manque pas d’efficacité : Copé prêchant la vertu démocratique est un hypocrite, pourtant si les militants - y compris ceux soutenant Fillon - lui prêtent l’autorité du Parti, ils ne manqueront pas de le soutenir dans sa candidature à l’élection à la Présidence de la République.

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Acte manqué ... très réussi !, par Michel Brun

Publié le 27 Novembre 2012 par Jean Mirguet dans Politique

Qu’est-ce qui préside à la hiérarchisation des informations données en pâture au public par les médias ? L’importance des sujets traités, la chronologie des événements liés à l’actualité ? Ne serait-ce pas plutôt l’impératif de jouissance scopique du sujet et sa marchandisation par la société du spectacle ? Ainsi le donner à voir devient la priorité des priorités ? Panem et circenses...

Mais il arrive parfois que quelque chose se détraque dans ce système pourtant bien rodé et que le réel fasse brutalement intrusion là où on ne l’attendait pas.

 

Journal télévisé du soir à France 2, le 25 novembre 2012 : à  la une de l’info, la guerre des chefs, Fillon et Copé se déchirent, l’UMP ne s’en relèvera pas, etc... Plus tard,  au milieu d’un poignant reportage sur les Restos du cœur apparaissent en surimpression les portraits accolés de Copé et Fillon ! Quelques minutes plus tard, en la personne de la journaliste Marie Drucker, la chaîne s’excuse du surgissement inopiné de cette image, qualifiée de “subliminale”. 

 

Etait-ce délibéré ou accidentel ? Nous ne le saurons sans doute jamais. En revanche ce qui a pu apparaître comme un lapsus de lieu, voire un acte manqué de la part de la chaîne, est en fait un acte réussi. Réussi, car cette relance de la guerre des chefs par portraits interposés, au cœur de l’exposé d’un grave problème de société, donne à penser.

 

Outre l’effet comique, le public aura eu tout loisir, grâce à ce bug, de mesurer l’écart séparant le dérisoire de l’essentiel.

 

Notons que ladite chaîne, lors de son 13h du 26 novembre, développe à nouveau les mêmes sujets… mais en inversant cette fois l’ordre de leur présentation. Est-ce  un hasard ?

 

 

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Donner asile

Publié le 16 Novembre 2012 par Jean Mirguet dans Clinique et pratique en institution

On me rapportait récemment le cas de Mme X aux prises avec des pensées délirantes se développant autour de la conviction qu’elle allait tuer ses proches, son compagnon, ses enfants. L’analyste jungien qui la recevait lui aurait répondu qu’il ne pouvait rien pour elle, la laissant totalement seule face à son désarroi.

Fortement angoissée par la certitude qu’elle pouvait commettre un meurtre, elle partit se réfugier chez un ami qui, jugeant son état très inquiétant, l’accompagna aux Urgences Psychiatriques. Faute de place disponible, Mme X ne put y être accueillie et fut renvoyée chez elle. Dans les jours suivants, son état ne s’améliorant pas, elle fut de nouveau adressée aux Urgences où on lui donna le même type de réponse. Ce n’est qu’après quatre ou cinq recours à ce service qu’enfin, la décision fut prise de l’hospitaliser en psychiatrie.

 

Cette situation est exemplaire de la limite inhérente à toute thérapeutique individuelle qui ne comporte pas cette réponse pratique, pragmatique qu’est un accueil dans une institution hospitalière ou de soins. Il est des phénomènes qui surgissent dans la clinique et qui, par leur nature, nécessitent une réponse qui vaille comme refuge, asile, abri et pas seulement comme écoute. Ici, c’est la clinique qui décide des modes de réponse puisque, à un moment donné, il devient urgent d’accueillir un insupportable auquel on peut donner l’hospitalité.

Asile : le mot tire son étymologie de l’adjectif grec asulos « qu’on ne peut saisir », de a privatif et de sula signifiant « butin ». Il signifie « lieu sacré » et son dérivé asulia correspond à un privilège accordé à un ambassadeur ou un athlète par des cités étrangères qui le mettait en sûreté, lui et ses biens. La langue classique en fera un « lieu quelconque où l’on peut se mettre à l’abri d’un danger » avec une valeur de « défense, sauvegarde ».

Donner asile à l’insoutenable, à l’intraitable, voilà donc la fonction première de ce lieu quelconque qu’est une institution d’accueil. Elle précède la fonction  thérapeutique de l’institution, elle est une nécessité conditionnée par l’insupportable qui, dans un sujet, est dû à sa condition humaine.

Cette thèse, développée par Alfredo Zenoni dans L’autre pratique clinique (Érés, 2009), véritable manuel de  psychanalyse appliquée qu’il faudrait donner à chaque salarié embauché en institution (en même temps que son contrat de travail), implique qu’un sujet, quoique hospitalisé en psychiatrie ou accueilli dans un Itep, par exemple, pour y être soigné, faire une thérapie l’est aussi, essentiellement, à cause du fait que, dans sa vie, quelque chose d’insupportable en lui exige cette réponse. La première raison d’être de l’institution n’est pas le traitement de la psychose (sans quoi tous les sujets psychotiques devraient s’y trouver), elle existe d’abord en raison de la part d’intraitable et de socialement invivable qui, dans le sujet, demande à trouver asile et refuge. L’institution se substitue au lien social devenu impossible.

 

Concevoir l’hospitalisation d’un sujet ou son admission en Itep indépendamment de tout but ou projet thérapeutique présente l’intérêt de distinguer deux dimensions : celle du soin psychiatrique ou psychologique qui répond au droit d’un individu d’être soigné, protégé, assisté même si ça n’est pas sa demande, et celle du sujet. Or, la notion de « thérapeutique » ou de « psychothérapie » confond fréquemment ces deux aspects. C’est justement quand la cause de l’institution n’est pas effacée par son projet thérapeutique que le sujet a une chance d’être pris en compte.

On pourra lire sous la plulme d'A. Zenoni (en particulier, dans les pages consacrées à la fonction sociale et au champ clinique de l’institution) comment la seule focalisation sur le projet thérapeutique peut avoir pour effet de négliger la question du sujet. Cela se vérifie souvent lors des études de situation clinique réalisées dans le travail dit de supervision.

 

C’est à partir du moment où cette question de la raison de l’institution, du pourquoi de son existence est prise en compte, donc à partir du moment où l’on fait place à la cause de la présence du sujet en son sein, qu’il est possible d’envisager une autre façon de travailler.

En effet, chaque praticien qui intervient, qu’il soit psy, infirmier ou éducateur, est confronté au même réel. Ce réel, le même pour chacun, ne se découpe pas en tranches selon les spécialités. Il n’y a pas le réel du psychologue, différent du réel de l’éducateur ou de l’infirmier ou de l’orthophoniste. Le réel dont il s’agit est celui de la cause, à l’origine de l’existence de l’institution et à l’origine d’une autre façon de pratiquer, la pratique à plusieurs qui, tout en étant « une », met en avant la position singulière, l’inventivité de chaque intervenant.

Or, l’inventivité sera d’autant plus féconde qu’on ne fera pas appel au savoir spécialisé de chacun, appris dans les écoles et les formations. La construction d’un cas sera possible à partir du moment où chacun pourra mettre de côté, se déplacer par rapport à ce qu’il a acquis comme savoir dans ses études, ses lectures.

Pour que cela fonctionne, il en faut au moins un qui soutienne cette orientation impliquant un certain renoncement à l’idéal psychothérapeutique et à une mise entre parenthèses du désir de gouverner, d’éduquer voire de psychanalyser. Pour cela, il faudra, à cet « au-moins un », être plus souvent sur le terrain que dans son bureau, faire partie de l’équipe, du « plusieurs » qui élabore la clinique. Il lui faudra susciter chez chacun le désir de baigner dans le même bain clinique, celui qui consiste à s’interroger sur la cause de la présence du sujet dans l’institution et sur le ravage qu’opèrent en lui les pulsions de destruction alors que, le plus souvent, c’est « le discours sur notre travail, notre méthode, notre projet » qui mobilise les énergies.

 

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Discours politique, discours totalitaire. "Moi, la Vérité, je parle", par Michel Brun

Publié le 15 Novembre 2012 par Michel Brun dans Politique

L’intelligence et la déraison sont parfaitement compatibles. Nous connaissons tous le mythe du savant fou qui se décline selon une galerie de personnages allant du professeur Tournesol jusqu’au docteur Frankenstein. Osons un parallèle en matière politique : si nos “géniaux” gouvernants, toutes tendances confondues, n’étaient que de doux dingues, cela ne serait qu’un moindre mal. Malheureusement, leur acharnement à vouloir soutenir contre vents et marées un discours de conviction systématiquement partisan les rend fous voire dangereux. Folie qui dissimule à peine l’une des pires formes de la jouissance, celle de la haine à l’égard d’un adversaire pris pour  ennemi.

 

Je crois me souvenir que c’est à Jean Clavreul que nous devons l’invention de ce pertinent néologisme: “l’orthonoïa”. Selon Clavreul, la plupart de nos leaders politiques seraient des “orthonoïaques”, c’est-à-dire des sujets pris dans une modalité du discours paranoïaque leur laissant croire que, quoi qu’il advienne, ils auront toujours raison. Ce qui se vérifie chaque jour.

 “Moi, la Vérité, je parle”, écrivait Lacan, laissant entendre par là que la question de la vérité était essentiellement une affaire de discours. L’orthonoïaque, quant à lui, prend ce type d’énoncé à la lettre, ce qui est une manière de folie. Et se dressant sur ses ergots, il prétend détenir “La” Vérité avec un grand V, sinon l’incarner. C’est ainsi que se construit la logique du pire, allant de l’abus de pouvoir jusqu’au Goulag.

Mutatis mutandis, on peut en dire autant de l’instance de la loi, même au niveau le plus humble, par exemple lorsqu’un individu se met en posture de vouloir l’incarner au lieu de la représenter. Chacun a probablement en mémoire cette séquence télévisée, diffusée sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute, et filmée à l‘insu de ses protagonistes : arrêtée nuitamment à l’occasion d’un contrôle d’identité, et extraite sans ménagement de sa voiture, une femme d’origine maghrébine hurlait de terreur. “Ta gueule, la loi c’est moi ! ”, lui répliqua le policier qui la brutalisait. Folie, à l’état brut (e) !

 

Revenons par ce biais au caractère le plus souvent autocentré, auto-référant et monolithique du discours politique courant pour constater, si l’on s’en tient au clivage droite - gauche, qu’il n’y a pas actuellement en France de réel débat politique. Il n’y a que de l’invective, du dialogue de sourds et de l’affrontement stérile entre orthonoïaques de tendances opposées.

Les exemples sont multiples. J’en prendrai un, celui du “débat” télévisé entre Jean-Marc Ayrault et Nathalie Kosciusko-Morizet, représentant respectivement la gauche et la droite, lors de l’émission télévisée “Des paroles et des actes” sur France 2, le 27 septembre 2012.

On y voit et on y entend NKM stigmatiser et disqualifier avec violence, sans la moindre précaution oratoire, sans nuance, son adversaire politique et le parti qu’il représente. Aucune concession, pas la moindre relativisation. Selon elle, seule la droite détient la vérité, est en mesure de mener une politique cohérente pour redresser la France et contrer les effets de la crise économique. Autrement dit : “tu as tout faux, j’ai tout bon !”.

Que démontre l’absolutisme de son discours ? D’abord la confusion des genres : un adversaire, au sens sportif du terme, est quelqu’un que l’on respecte, même si on le combat. Un ennemi, en revanche, est un être malfaisant qui doit être anéanti. NKM traite JMA en ennemi et non en adversaire, car il s’agit de l’éliminer idéologiquement. On est très loin de l’idéal démocratique qui prend appui sur la reconnaissance de l’altérité de l’autre même si l’on n’est pas d’accord avec lui. Ce n’est pas là le jeu normal de la politique car, en démocratie, la politique ne doit pas être assimilée à la guerre, faute de quoi ce sont les citoyens les plus vulnérables qui en feront les frais.

Ne strictement rien concéder au parti opposé, c’est faire fi de l’impossibilité logique à dire “toute” la vérité. Le discours totalitaire est un discours fou puisque se refermant sur lui-même, dans un déni aggravé de l’altérité.

Il semble que NKM n’ait pas disposé ce soir-là du “SMIC philosophique” convenant à quelqu’un de son niveau. Cela l’aurait probablement aidée à articuler une juste distinction entre croyance et savoir, c’est-à-dire à ne pas prendre ses propos pour vérité... d’Evangile de la droite.

 

L’intelligence, lorsque tout va mal, peut passer par l’union des bonnes volontés, soit le renoncement consenti à une part de son narcissisme, et ce, au profit de l’autre en tant qu’autre. C’est ainsi que l’on peut se mettre à son écoute et retenir  ce qu’il a d’éventuellement constructif à proposer. Mais cela ne semble pas pouvoir s’accorder avec la logique du parti à la française.

En ces temps difficiles où, pour bien des Français, il s’agit plus de survivre que de vivre, un gouvernement d’union nationale aurait-il pu apaiser les esprits ? Devant la mondialisation des problèmes économiques et sociaux et face à la crise, y a t-il vraiment une politique de parti, de gauche ou de droite, qui soit sans équivoque meilleure qu’une autre ? Cela reste à prouver et l’on peut légitimement s’interroger sur la nature de l’ambition politique des représentants du Peuple lorsqu’ils s’acharnent aveuglément à se détruire les uns les autres quand il y aurait tant à faire ensemble.

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Cinéma : "La guerre invisible"

Publié le 8 Novembre 2012 par Coralie Garandeau et Olivier Mirguet dans Cinéma

Un documentaire signé Kirby Dick et sorti il y a quelques semaines en salle aux Etats-Unis fait beaucoup parler de lui.

La guerre invisible, The invisible war, c'est son nom, dénonce des milliers de cas de viols perpétrés chaque année au sein de l'armée américaine.
Des crimes sexuels dont sont victimes des femmes comme des hommes et qui restent impunis, voire même jamais rapportés à la hiérarchie militaire.

Un reportage de Coralie Garandeau et Olivier Mirguet pour Arte.

 

 

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Abolition de la peine de mort en Californie

Publié le 7 Novembre 2012 par Coralie Garandeau dans Politique

Lecture
Aux Etats-Unis, on n'a pas voté, hier, que pour élire le président. Il y a aussi des référendums : en Oregon, à Washington ou dans le Colorado, les électeurs devront se prononcer sur la dépénalisation du cannabis et son usage libre.

En Californie, c'est la question de la peine de mort qui a été soumise aux votants. La proposition 34 veut abolir la peine capitale et la remplacer par la prison à vie, sans liberté conditionnelle. Si cette proposition est adoptée, la Californie deviendra alors le 18e état abolitionniste, mais le premier à le faire par la voie électorale. Face à un sujet extrêmement délicat, chaque camp affûte ses arguments.

Un reportage de Coralie Garandeau pour France Info.

A consulter sur http://www.franceinfo.fr/monde/un-monde-d-info/usa-les-differents-sujets-de-la-campagne-americaine-793531-2012-11-06

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Lettre ouverte de psychanalystes face à l'égalité des droits et au "mariage pour tous"

Publié le 5 Novembre 2012 par Jean Mirguet dans Psychanalyse et psychanalystes

«La psychanalyse ne peut être invoquée pour s'opposer au mariage pour tous»

C'est le sens de la pétition lancée par un groupe de psychanalystes, contre ceux qui cherchent dans leur discipline des arguments pour refuser la loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.

Des psychanalystes ont lancé une pétition sur internet en faveur du mariage pour tous, estimant que rien dans la psychanalyse ne s'oppose au mariage et à l'adoption par les couples de même sexe, alors que le projet de loi sur le sujet doit être présenté mercredi.
«Cette évolution de notre code civil mettrait enfin la France au diapason de neuf pays européens, treize dans le monde et neuf Etats américains», dit le texte, signé par plus de 500 personnes en une quinzaine de jours, selon l'une de ses initiatrices, la psychanalyste Laurence Croix, maître de conférences à Paris X-Nanterre.

«En réaction à cette évolution démocratique, certains propos mettant en avant une supposée orthodoxie psychanalytique s'opposent formellement à ce projet», poursuit le texte, co-écrit avec Olivier Douville, directeur de publication de la revue Psychologie Clinique. Par exemple, le psychanalyste Pierre Lévy-Soussan, souvent interrogé par les médias, est opposé à l'adoption par des couples de même sexe.

Mais, pour les signataires de la pétition, «la psychanalyse ne peut être invoquée pour s'opposer à un projet de loi visant l'égalité des droits» et elle ne doit pas être utilisée de façon «moralisatrice et prédictive». «Au contraire, rien dans le corpus théorique (...) ne nous autorise à prédire le devenir des enfants quel que soit le couple qui les élève» et «la pratique psychanalytique nous enseigne depuis longtemps que l'on ne saurait tisser des relations de cause à effet entre un type d'organisation sociale ou familiale et une destinée psychique singulière», poursuit le texte.

«De plus, la (pratique) clinique de nombre d'entre nous avec des enfants de couples "homosexuels" atteste que ce milieu parental n'est ni plus ni moins pathogène qu'un autre environnement», plaident encore ces professionnels.

À rappeler également les prises de position de Freud concernant l'homosexualité. Pour s'en tenir, par exemple, aux toutes premières années de la naissance de la psychanalyse (1896), Freud signa une pétition initiée par le médecin et sexologue allemand Magnus Hirschfeld (1897) demandant l’abrogation du paragraphe 175 du code pénal allemand réprimant l’homosexualité masculine (recueillant plus de 6000 signatures dont celles aussi de Krafft-Ebing, Andréas-Salomé, Zola, Rilke, Mann et Einstein).

La pétition est disponible à cette adresse : http://www.petitionpublique.fr/PeticaoAssinar.aspx?pi=P2012N30808

 

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