Dans le dernier supplément Science et médecine du Monde, la neuroscientifique Angela Sirigu remet les pendules à l’heure à propos des soi-disant bienfaits de la « gymnastique cérébrale », indispensable, comme le proclame la pub, pour booster sa mémoire et doper ses méninges.
L’idée est simple : le cerveau est un muscle et il faut le renforcer pour en tirer le maximum d’efficacité. Idée qui ne manque pas de séduire celles et ceux qui, prenant de l’âge, s’inquiètent de la détérioration de leur potentiel intellectuel ou certains parents désireux de stimuler et améliorer les performances cognitives de leur progéniture.
Ces programmes d’entraînement cognitif ont-ils une quelconque efficacité ?
Une équipe de chercheurs de Los Angeles a montré qu’un entraînement à la mémoire et à l’attention auditive de sujets âgés de plus de 65 ans, si elle améliorait les performances à des tests de rappel et de manipulation de mots et de nombres, avait en revanche des effets très variables d’une personne à l’autre et qu’il y avait peu de différence significative entre le groupe entraîné et le groupe témoin. De surcroît, les progrès enregistrés s’évanouissaient après 3 mois.
Une autre étude portant sur l’entraînement aux capacités multitâches (il est demandé d’exécuter, simultanément, des tâches différentes) montre que, grâce à l’entraînement, les participants, âgés entre 60 et 85 ans, peuvent atteindre et conserver pendant près de 6 mois les capacités de sujets de 20 ans. Mais, là aussi, la portée des résultats est discutable car les tests et retests ont été réalisés avec le matériel ayant servi à l’entraînement !
Une importante étude canadienne, portant sur 11430 participants, fait état de l’existence d’une amélioration des performances de sujets ayant bénéficié d’un entraînement à diverses fonctions cognitives (raisonnement, mémoires verbale et spatiale, planification, attention) mais aucune généralisation n’a pu être démontrée.
On attend donc la méthode qui saura rajeunir le cerveau.
Angela Sigu conclue malicieusement sa chronique en évoquant une autre piste, celle de Charles Hillman, de l’Université de l’Illinois, qui montre que l’exercice physique améliore le métabolisme cérébral, favorise la neurogenèse et freine le ralentissement cognitif.
Un conseil : pour fortifier votre matière grise, raffermissez votre ventre et vos mollets !