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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

A propos de gymnastique cérébrale

Publié le 14 Novembre 2014 par Jean Mirguet

Dans le dernier supplément Science et médecine du Monde, la neuroscientifique Angela Sirigu remet les pendules à l’heure à propos des soi-disant bienfaits de la « gymnastique cérébrale », indispensable, comme le proclame la pub, pour booster sa mémoire et doper ses méninges.

L’idée est simple : le cerveau est un muscle et il faut le renforcer pour en tirer le maximum d’efficacité. Idée qui ne manque pas de séduire celles et ceux qui, prenant de l’âge, s’inquiètent de la détérioration de leur potentiel intellectuel ou certains parents désireux de stimuler et améliorer les performances cognitives de leur progéniture.

Ces programmes d’entraînement cognitif ont-ils une quelconque efficacité ?

Une équipe de chercheurs de Los Angeles a montré qu’un entraînement à la mémoire et à l’attention auditive de sujets âgés de plus de 65 ans, si elle améliorait les performances à des tests de rappel et de manipulation de mots et de nombres, avait en revanche des effets très variables d’une personne à l’autre et qu’il y avait peu de différence significative entre le groupe entraîné et le groupe témoin. De surcroît, les progrès enregistrés s’évanouissaient après 3 mois.

Une autre étude portant sur l’entraînement aux capacités multitâches (il est demandé d’exécuter, simultanément, des tâches différentes) montre que, grâce à l’entraînement, les participants, âgés entre 60 et 85 ans, peuvent atteindre et conserver pendant près de 6 mois les capacités de sujets de 20 ans. Mais, là aussi, la portée des résultats est discutable car les tests et retests ont été réalisés avec le matériel ayant servi à l’entraînement !

Une importante étude canadienne, portant sur 11430 participants, fait état de l’existence d’une amélioration des performances de sujets ayant bénéficié d’un entraînement à diverses fonctions cognitives (raisonnement, mémoires verbale et spatiale, planification, attention) mais aucune généralisation n’a pu être démontrée.

 

On attend donc la méthode qui saura rajeunir le cerveau.

Angela Sigu conclue malicieusement sa chronique en évoquant une autre piste, celle de Charles Hillman, de l’Université de l’Illinois, qui montre que l’exercice physique améliore le métabolisme cérébral, favorise la neurogenèse et freine le ralentissement cognitif.

Un conseil : pour fortifier votre matière grise, raffermissez votre ventre et vos mollets !

 

 

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Là-bas

Publié le 10 Novembre 2014 par Jean Mirguet

« Là-bas » est le titre donné par Roland Barthes à son premier chapitre de L’Empire des signes.

Là-bas, où est-ce ? Quelque part dans le monde, répond-il, un lieu duquel il va extraire un certain nombre de traits qui formeront un système qu’il nommera Japon.

Le système Japon ne représente ni analyse la moindre réalité, ce que ferait un énoncé occidental. Il se constitue à partir du prélèvement d’éléments qui, combinés, forment un système symbolique « inouï, entièrement dépris du nôtre ». Système symbolique foncièrement séparé, dégagé de l’emprise du système symbolique qui règle et organise notre existence d’Occidental.

Ce que vise la construction de cet autre système, « c’est la possibilité d’une différence, d’une mutation, d’une révolution dans la propriété des systèmes symboliques ». L’important n’est pas qu’il y ait d’autres symboles ou une autre sagesse, l’important est « la fissure même du symbolique ». Le geste de Roland Barthes consiste à trouer le symbolique, à en disjoindre les éléments.

Se produit alors en lui un réel séisme du sens, un renversement des modes habituels de lecture. Cet événement est un satori, un ébranlement qui conduit au vacillement du sujet, place les productions symboliques dans un autre espace et «opère un vide de parole », d’où se produit l’écriture quand "écrire c’est permettre au mystère de jaillir dans une apothéose » (Hélène Pommarel, Jours de grande parole, éd. La Dragonne, 2014)

Ce système n’est pas fait de représentations : en somme, il n’y a rien à dire. Comme l’écrit François Jullien, « les saisons suivent leur cours, tous les existants prospèrent : quel besoin le ciel aurait-il de parler ? ».

A la différence de nombres de poètes occidentaux qui font porter l’accent sur la profondeur et les métaphores, le vide occupe, au Japon, la plus grande part. « Sur la page, écrit Paul Claudel (A travers la littérature japonaise), la part la plus importante est toujours laissée vide. Cet oiseau, cette branche d’arbre, ce poisson ne servent qu’à historier, qu’à localiser une absence où se complaît l’imagination ».

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La télépathie à l’heure des neuro-technologies

Publié le 7 Novembre 2014 par Jean Mirguet

Dans son émission diffusée sur France Culture, Ce qui nous arrive demain, Nicolas Martin relate deux expériences extraordinaires de communication "télépathique", entre deux cerveaux connectés à distance, sans aucune forme de contact visuel ou auditif. Une personne, l’émetteur, réussit à déclencher une action chez une autre personne, un récepteur, par la seule transmission de sa pensée. 

La 1ère expérience a été publiée par une équipe de Harvard en septembre : un émetteur en Indes, connecté à un EEG, pense « bonjour », « hola », bref un mot de salut. Les impulsions du cerveau sont recueillies par l’EEG puis traduites en code binaire par un ordinateur. Le message binaire, traduit en flashes de lumière, est interprété par le cerveau du récepteur, situé en France qui comprend le salut non-verbal envoyé depuis l’émetteur en Indes.

La 2ème expérience réalisée par une équipe de l'Université de Washington (Seattle) est encore plus impressionnante. Les résultats en ont été publiés ces jours-ci dans la revue Plos One .

Le principe est le même : un émetteur est connecté à des capteurs reliés à un électro encéphalogramme. A 800 mètres de là, dans une autre pièce, se trouve le récepteur sur la tête de qui est placée une bobine de stimulation magnétique transcrânienne (bobine qui va convertir les impulsions en signal magnétique et les propager dans le cerveau, une sorte de mini IRM). Cette bobine est posée à un endroit précis du crâne, près de l’endroit du cerveau qui contrôle le mouvement de la main.

L’émetteur regarde un jeu vidéo : un petit avion volant dans le ciel et au sol un canon à activer pour empêcher l’avion de survoler une ville. L’émetteur n’a ni clavier ni joystick. Il va juste décider par la pensée qu’il faut cliquer pour détruire l’avion.

De son côté, le récepteur ne voit pas le jeu. Il a juste la main en suspend au-dessus d’un clavier ou d’une tablette tactile.

Quand l’émetteur décide de cliquer pour détruire l’avion, en moins d’une seconde, le récepteur clique spontanément et l’avion est abattu.

 

On arrive donc maintenant à convertir des ondes cérébrales en signal informatique qu’un cerveau étranger peut interpréter pour accomplir l’action voulue ... une performance à propos de laquelle les chercheurs affirment  que "des interfaces directes courantes entre les ordinateurs et le cerveau humain seront possibles dans un avenir pas si éloigné, permettant une communication directe de cerveau à cerveau de façon routinière (...) et créant de nouvelles possibilités dans les relations sociales".

 

 

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