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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Publié le 12 Janvier 2019 par Jean Mirguet dans Politique

Je crois qu’il faut cesser de se mortifier en continuant à entretenir l’idée (ou le fantasme) que les gilets jaunes ne sont pas entendus. Le Président de la République, le Premier Ministre ne sont pas sourds, des solutions de sortie de crise ont été décidées. 

Je pose la question : de quelle côté la surdité se trouve-t-elle ? Mais on ne le sait que trop bien et je le sais encore mieux dans ma profession, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Mais quoiqu’ils fassent, quoiqu’ils disent, les actes et paroles de nos dirigeants qui ont été élus sont décriés et seul paraît compter aujourd’hui pour ce « mouvement » (terme hautement inadéquat pour désigner ce qui n’a rien à voir avec un collectif) le recours à la jouissance (oui, je dis bien jouissance) dans l’usage de la violence, des exactions, des atteintes aux personnes, aux bien privés et publics.

Cessons de cultiver l’idée d’une légitimité d’un mouvement dont le seul fait d’armes est d’avoir rendu folles les classes politiques et médiatiques qui se sont perdues en interprétations délirantes d’une crise de nerfs de quelques milliers de mécontents, excités par l’extrême-droite et les Insoumis. Lâchement, PS et PR, condamnent très mollement et semblent prêts à défendre n’importe quelle cause pourvu qu’elle nuise à celle du pouvoir en place(comment pourrait-on continuer à croire qu’ils sont des partis de gouvernement ?). 

Combien de temps va-t-on encore attendre avant de réagir ? Je confesse mon malaise, mon sentiment de lâcheté à rester assis dans mon fauteuil à lire, entendre ou regarder les infos pendant que, chaque WE, des bandes de voyous saccagent nos villes, s’en prennent aux élus, aux journalistes, aux forces de l’ordre, à nos Institutions donc à la démocratie et à la République.

Récemment, Murielle Penicaud, ministre du Travail, déclarait : « Je souhaite que tous ceux qui croient à la démocratie, à la représentation souveraine du peuple français, se rassemblent et disent que ça suffit ». 

Oui, ça suffit ! Nombre de personnes dans mon entourage le disent également et en sont assez de ce climat de chienlit et disent attendre, comme moi, qu’une initiative soit prise pour faire barrage à cette débâcle.

Je demande à En Marche de prendre des initiatives pour rassembler tous ceux qui veulent exprimer publiquement leur désaccord. J’attends avec impatience des propositions. 

Se taire c’est avoir peur. Or, souvenons-nous des « Je suis Charlie » et des « On n’a pas peur » de 2015. Allons-nous continuer encore longtemps à supporter ce qui se passe et à s’imaginer qu’il est blasphématoire de dire "ça suffit" aux gilets jaunes ? 

Nous, les citoyens, avons la responsabilité, le devoir de défendre notre République, nos Institutions, notre démocratie. Ce mouvement - car c’en est un - porte un nom prestigieux dans notre Histoire : la Résistance.

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Crise sociale : halte au lynchage (éditorial du Monde du 10/01/2019)

Publié le 12 Janvier 2019 par Jean Mirguet dans Politique

Le déferlement d’attaques et d’injures visant tout ce qui ressemble à une institution est d’autant plus odieux qu’il s’exprime dans le lâche confort de l’anonymat.

 

L’intimidation, la menace et la violence sont les armes de toutes les dictatures, qu’elles soient étatiques, populaires ou, comme jadis, prolétariennes. Il est pour le moins troublant, pour ne pas dire révoltant, qu’il faille rappeler de telles évidences en 2019 dans un pays qui, jusqu’à nouvel ordre, est une démocratie.

Que l’on sache, en effet, et quels que soient les arguments spécieux qui voudraient justifier le contraire, la France est bien une démocratie. Chacun y est libre d’élire ses représentants – à l’Elysée ou au Parlement, dans sa ville ou sa région –, de s’exprimer, de débattre, de défendre ses idées, de lire ou d’écouter les médias de son choix, de manifester ou de faire grève s’il le juge nécessaire.

Or le mouvement social qui ébranle le pays depuis bientôt deux mois s’est laissé peu à peu gagner par une vindicte inacceptable, qu’il convient de dénoncer. Qu’elle soit le fait de « gilets jaunes » radicalisés ou de groupuscules d’ultradroite ou d’extrême gauche qui profitent de l’occasion pour exprimer leur haine de l’Etat, du « pouvoir » et de la loi républicaine, la démonstration de cette agressivité est désormais quotidienne. Cette virulence peut être aggravée, mais non justifiée, par des violences policières tout aussi intolérables.

C’est un déferlement d’attaques et d’injures visant tout ce qui ressemble à une institution. Le président de la République, bien sûr, qui est l’objet de tous les ressentiments. Par extension, les ministres et les parlementaires de la majorité. Sans même parler des journalistes, aimablement traités de « collabos », empêchés de faire leur travail, voire molestés, dès qu’ils s’avisent d’émettre la moindre réserve sur un mouvement dont ils ont pourtant rendu compte de façon aussi exhaustive que possible.

Pour s’en tenir aux élus, une cinquantaine de députés ont ainsi été victimes, ces dernières semaines, d’agressions non seulement verbales, mais physiques ou matérielles contre eux-mêmes, leur famille, leur domicile, leur véhicule ou leur permanence. Toujours dans les mêmes termes, dont beaucoup devraient tomber sous le coup de la loi, puisque, en plus d’être orduriers, ils sont très souvent xénophobes, antisémites ou sexistes. Et fréquemment assortis de menaces de mort : « On va te pendre », « te décapiter », « te mettre une balle dans la tête ».

Cette tentation du lynchage est d’autant plus odieuse qu’elle s’exprime dans le lâche confort de l’anonymat. A commencer par celui que garantissent les réseaux sociaux. Que ceux-ci soient un formidable espace de liberté d’expression et de communication, fort bien, et il n’y a pas de raison de le déplorer. Qu’ils soient devenus un outil de mobilisation sociale instantanée et directe, les « gilets jaunes » ne sont pas les premiers à en faire la démonstration, et l’on sait que Facebook a joué un rôle essentiel dans l’extension du mouvement.

Mais qu’ils contribuent à faire circuler en toute impunité les haines de la pire espèce, qu’ils se transforment en pilori permanent est tout simplement inacceptable. D’autant que leurs responsables ne semblent guère s’en émouvoir et que leurs systèmes de modération censés servir de garde-fous sont à l’évidence inopérants, dépassés, voire complaisants. La liberté de pensée et d’expression est une condition élémentaire de la démocratie. Elle peut en devenir l’ennemie lorsque, loin de débattre, de critiquer, de contester ou de blâmer, elle agresse, violente et se laisse gangrener par la bêtise la plus hargneuse. Personne ne devrait l’oublier.

 

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