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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

In memoriam...et la vague s'en est retournée à l'océan

Publié le 24 Octobre 2012 par Jean Mirguet

La vagueMaïa Relier, très chère vieille amie psychanalyste, s'en est allée, "entrant vivante jusque dans la mort", selon la belle expression de D.W. Winnicott

Est-ce la vie qui l'a quittée ou elle, Maïa, qui l'a laissée ? Comment savoir ?

Pour elle, ce poème de Issa, l'un des maîtres classiques du haïku japonais :

  Papillon qui bat des ailes

Je suis comme toi –

Poussière d’être !

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Sacré blasphème !

Publié le 12 Octobre 2012 par Jean Mirguet dans Religion

Blasphème 1"Il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration", écrit André Gide dans son Journal.

Autrement dit, le blasphème et le sacré ont partie liée. Le blasphème n’est pas synonyme de désacralisation, mais, au contraire, il représente l’autre face du sacré, il en est son envers. C’est ce que montrent les caricatures de Mahomet par Charb et Charlie-Heddo ... davantage défenseurs du sacré et du Prophète que les extrémistes eux-mêmes. Selon une étonnante inversion des valeurs, le blasphème peut devenir un acte de foi et, à l’inverse, l’accusation de blasphème une trahison des valeurs humaines et spirituelles.

Cette logique de nouage d’un endroit et d’un envers est particulièrement à l’œuvre chez Lin-Tsi, l’un des plus célèbres maîtres du Tch’an (Zen), dont l’enseignement spirituel nous est parvenu grâce à Paul Demiéville, le grand sinologue avec qui Lacan apprit autrefois le Chinois.

Dans le livre qu’il a récemment publié (Dieu, encore ?, éd. Liber), Michel-Yvon Brun souligne que l’usage systématique du blasphème chez Lin-Tsi vise à préserver finalement l’essence du sacré. Sa doctrine sans système, exprimée avec verdeur et virulence, n’hésite pas à déboulonner crûment les discours dogmatiques et leurs thuriféraires : « Le Bouddha ? Un torche-cul, un trou de latrines ... si vous le rencontrez, tuez-le ! Le Nirvana ? Rien d’autre qu’un pieu pour y attacher les ânes ! ». Aux moines prêts à se soumettre à tous les catéchismes : « Tas d’imbéciles et de gnomes au crâne rasé, quel besoin avez-vous de mettre une tête par-dessus votre tête ! ». Le recours au blasphème a pour Lin-Tsi une vertu d’enseignement, celle de « souligner la vanité et le caractère littéralement ordurier de toute conception idéalisée ou préétablie de la bouddhéité ».

Blasphème 2Blasphémer revient donc à préserver l’essence du sacré à partir du repérage de l’envers du décor c’est-à-dire de ce que l’Idéal peut receler de nauséabond. Ce Bien que les êtres humains jugent supérieur, moral, admirable, Freud l’a appelé l’Idéal du Moi. Or, cet Idéal du Moi a considérablement tendance à maltraiter le sujet, à lui reprocher de ne pas être aussi bien qu’il se l’imagine, il est cruel avec lui voire tyrannique. En témoignent ceux qui, s’identifiant à un objet méprisé et rejeté, se disent insultés et blessés par les caricatures : ils s’imaginent être pris pour de la merde. Il est vrai que cela dépend aussi des époques et des lieux puisqu’en effet, le visage du Prophète de l’islam pouvait être représenté sans difficulté jusqu’au XVIe siècle ; les indécences du Caravage étaient reconnues par ses contemporains comme une très grande peinture religieuse. Elles n’ont été affublées de la « qualité » de blasphématoires qu’à partir du XIXe siècle.

Le blasphème suppose donc le sacré et le dénoncer comme ravageur contribue, paradoxalement, à le consacrer comme ce qui ne peut se réduire à une image.

La dénonciation du blasphème offre toujours la possibilité de réaffirmer la valeur de ce qui est lésé. C’est là sa vertu : briser les convenances et mettre à nu ce qui peut être le plus effrontément vrai, donc réel.

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Refuser la censure des religieux

Publié le 8 Octobre 2012 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Il y a un an, les intégristes catholiques s’en prenaient au Théâtre de la Ville en perturbant les représentations de Sur le concept du visage du fils de Dieu, pièce de Romeo Castellucci. Le groupuscule Renouveau français et l'Institut Civitas, deux mouvements proches de l'extrême droite "dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ" soutenaient ces manifestations de "jeunes catholiques", déjà à l'origine de la destruction, en avril 2011 à Avignon, d'une photographie de l'Américain Serrano, Piss Christ

Ces jours-ci, manifestations semblables lors du Printemps de Septembre de Toulouse où a été retirée l'oeuvre de l’artiste marocain Mounir Fatmi, après les protestations de musulmans blessés de voir des passants marcher sur des versets du Coran, projetés au sol.  Au coeur de la contestation : la projection de l'installation vidéo Technologia sur le sol du Pont-Neuf qui franchit la Garonne. Elle montre des cercles inspirés des "rotoreliefs" de Marcel Duchamp et tournoyant avec, à l'intérieur, des versets calligraphiés du Coran et des hadiths (paroles) du prophète Mahomet. 

Au même moment et comme elle le fait chaque année depuis 1999, l'Organisation de la conférence islamique (qui regroupe 57 pays) vient de lancer une offensive diplomatique pour demander la reconnaissance en droit international du crime de blasphème.

De leur côté, des dignitaires religieux chiites iraniens ont réactivé la fatwa prononcée il y plus de vingt ans contre Salman Rushdie, lors de la parution de son roman Les Versets sataniques et augmentée de 500 000 dollars alors que se développe une agitation, souvent violente, provoquée par le film américain anodin, jugé blasphématoire contre la personne du prophète Mahomet.

De même, au Pakistan, la loi antiblasphème est utilisée de façon répétée pour justifier les persécutions contre les minorités chrétiennes.

 

Dans une récente tribune publiée dans Le Monde, Rachid Azzouz, agrégé d'histoire-géographie (il est ou a été inspecteur d'académie, inspecteur pédagogique régional d'histoire géographie et instruction civique), l’écrivaine Mazarine Pingeot, Philippe-Gabriel Steg, professeur de cardiologie, le réalisateur Mohamed Ulad et l’avocate Isabelle Wekstein (elle opère en duo avec la journaliste Souad Belhaddad  dans des établissements scolaires difficiles  pour inculquer des rudiments de civisme aux collégiens) soulignent, à la suite d’autres, que, en invoquant le blasphème, ce qui se joue au travers de ces phénomènes simultanés est la liberté d’expression.  Isabelle Wekstein et Souad Belhaddad  interviennent là où l'insulte - raciste de préférence - est le mode d'expression le plus fréquent, là où les préjugés et les réflexes communautaristes remplacent la culture et le raisonnement. Exemple : Mohammed, en 5e au collège Barbara-Hendricks d'Orange (Vaucluse), est plié de rire. Souad Belhaddad  se plante devant lui et, tout sourire, lui lance : « Tu sais, Mohammed, quand je t'ai vu entrer dans la classe, je me suis dit, tiens, celui-là il a une tête de bougnoule, il a une gueule de sale Arabe ! » Le visage du garçon se fige, il se tasse sur sa chaise. La jeune femme poursuit d'un ton tranquille : « Tiens, "sale pute" ou "crevard de feuj", ça te fait rire. Mais quand on dit "sale Arabe", tu ne rigoles plus du tout ? Moi non plus, quand on m'a traitée de sale Arabe, cela ne m'a pas fait rire ».

 

Dans ce climat d’intolérance et de bêtise, toute politique d'apaisement ou de compromis avec les censeurs religieux constituerait une abdication. Comme le disait Churchill à l'attention du Premier ministre Chamberlain rentrant de Munich après avoir signé les accords avec Hitler : "Vous aviez le choix entre la paix et l'honneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."

Prétendre qu’il faut se montrer responsable, comme l’ont avancé récemment le premier Ministre et son ministre des Affaires Etrangères est un encouragement à se taire ou à faire le dos rond alors qu’il s’agit de dire bien haut et sans ambiguïté notre refus de la censure et notre volonté de défendre la liberté d’expression.

Comme l'écrit André Gide dans son Journal, "il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration".

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The Hollywood Sign

Publié le 4 Octobre 2012 par Olivier Mirguet dans Cinéma

Icône internationale et symbole fourre-tout, les lettres Hollywood surplombent Los Angeles. Mais avant de devenir synonyme de l'industrie du cinéma, le Hollywood Sign a eu une histoire mouvementée.
Hollywood SignHOLLYWOOD : retour sur neuf lettres blanches avec Hope Anderson, auteur d’un documentaire sur le célèbre panneau, Leo Baudry, historien du cinéma et Olivier Bonnard, écrivain et critique de cinéma français installé à Los Angeles.

Un sujet d'Olivier Mirguet pour Personne ne bouge, Arte

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D'Occident en Orient, de quoi la mort est-elle le nom ?

Publié le 30 Septembre 2012 par Jean Mirguet dans Philosophie

Vanité HirstNous étions une cinquantaine venus écouter, ce 22 septembre aux Prés Français, Michel Brun, psychanalyste et Thierry Receveur, professeur de philosophie qui intervenaient sous le thème de la mort, pensée du point de vue de l'Occident et du point de vue de l'Orient.

Belle et passionnante rencontre que vous pourrez (re)découvrir grâce à cet enregistrement réalisé par Christine Pierret (durée 2h23mn).

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