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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Sortir la France de l’inertie

Publié le 16 Janvier 2020 par Jean Mirguet dans Politique

Une fois n’est pas coutume : le journal Le Monde, dont la ligne éditoriale est le plus souvent anti-Macron, donne la parole au politiste Christian Lequesne qui, dans sa tribune du 15 janvier, rappelle qu’Emmanuel Macron a été élu pour sortir la France de l’inertie.

A l’opposé de ceux qui attribuent à Macron une pensée managériale c’est-à-dire une pensée qui vise le « zéro problème » pour ne déranger personne, au détriment du changement,  C. Lequesne affirme que l’agenda des réformes lancé par le Président répond à l’inertie du quinquennat précédent. D’où son élection, gagnée pour sortir de cette inertie.

Les responsables gouvernementaux comme les syndicats associent trop souvent les négociations du social à des manœuvres trompeuses dans lesquelles négocier équivaut à se faire avoir par le partenaire. En somme, le compromis devient synonyme de compromission, et les négociations conduisent immanquablement à des impasses.  

Aujourd’hui, la violence du rapport de forces, le choix de la castagne et de la casse empêchent la négociation et la recherche d’un compromis d’aboutir : c’est fort regrettable et il serait temps de renoncer au cocktail explosif composé de la technocratie d’Etat omnisciente et de la nostalgique lutte des classes. Cela débouche à coup sûr sur le populisme, définit dans cet article comme fruit de l’opposition entre un peuple pur sachant de quoi est fait le tragique de la vie et la lutte, et des élites qui en ignoreraient tout.

C. Lequesne y insiste : il est faux d’affirmer que la France est un pays dans lequel tout le monde accepte comme une fatalité que le progrès social passe obligatoirement par le blocage et la violence. Nombreux sont nos concitoyens qui considèrent, à l’inverse, qu’il s’agit d’un conservatisme archaïque, sclérosé dans ses corporatismes et desservant notre pays – mais les médias n’en disent pas grand chose -, surtout quand il vise à torpiller la réforme d’une politique publique aussi essentielle que le régime des retraites.

Au lieu de présenter le pragmatisme comme un renoncement au politique ou comme une dérive managériale, au nom d’une tradition politique prétendument ancestrale, il serait préférable d’en faire une valeur … pour sortir la France de l’inertie.

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2020 : année prometteuse ?

Publié le 3 Janvier 2020 par Jean Mirguet

2020 : année prometteuse ?
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La rage, le levier grâce auquel installer des populistes aux commandes

Publié le 2 Janvier 2020 par Brice Couturier

A lire cette  excellente chronique de Brice Couturier du 1er janvier sur France Culture : quand les "ingénieurs du chaos", sèment les germes de la guerre civile et tentent de fusionner extrême droite et extrême gauche

Les manipulateurs d'opinion sont à l'oeuvre, afin de déstabiliser nos démocraties. Cyniques et experts en technologies numériques ; ils sont vraiment dangereux.

 

"L’auteur du troisième livre que je voudrais recommander à nos auditeurs en ce début d’année, est un habitué de cette émission, Giuliano da Empoli. Il a publié, cette année, chez Lattès, un ouvrage, vivant et clair, très éclairant sur les technologies de manipulation de l’opinion. Son titre : Les ingénieurs du chaos. C’est une enquête fort bien menée sur les fameux « spin-doctors » ou « technologues de la politique », comme on dit en Russie. 

 

Les nouveaux docteur Fomalour de la politique

 

Ces gens, qui se nomment Steve Bannon, Milo Yannopoulos, ou Arthur Finkelstein sont parvenus à faire triompher aux élections des thèmes ou des candidats inattendus et invraisemblables. L’auteur les appelle « les nouveaux docteurs Folamour de la politique. » 

 

Agréger les colères et les peurs. 

 

Ce sont d’abord des champions de l’algorithme, puis des géomètres des passions populaires, experts en théories complotistes. Le fond de leur technique consiste à agréger des colères et des peurs, afin de les transmuer en mouvements d’opinion. 

Mais leur arme capitale, c’est la dérision, la bouffonnerie, contre laquelle l’argument rationnel ne peut que venir s’écraser. On pense à l’épisode de Black Mirror, intitulé le Show de Waldo, qui montre l’impuissance des politiciens classiques, normaux, face à l’humour déstabilisateur d’un personnage virtuel, sarcastique, vulgaire et méchant – en l’occurrence, un petit ours manipulé par un comédien raté, en quête de revanche sur la vie.

 

5 Etoiles et le "laboratoire italien". 

 

L’Italie a été le laboratoire politique du monde, explique da Empoli. Il n’est donc pas étonnant que son livre commence par ce pays. Car c’est là qu’ont été expérimentés, en avant-première, par un informaticien, Gianroberto Casaleggio, les nouvelles techniques de manipulation de masse. 

Il a conçu un software qui permettait d’organiser des discussions sur le thème de la corruption des élites. Un algorithme repère les slogans les plus repris. L’allure générale du site paraissait entièrement libre et déstructurée. En réalité, Casaleggio contrôlait son architecture de manière obsessionnelle. Sa théorie ? « Une fourmi ne doit pas savoir comment fonctionne la fourmilière. » 

« Les algorithmes mis au point par les ingénieurs du chaos, écrit da Empoli, donnent à chacun l’impression d’être au cœur d’un soulèvement historique, d’être enfin devenu acteur de l’histoire. » Ainsi naquit le Mouvement 5 Etoiles. »

 

Une vocation totalitaire.

 

« Le mouvement 5 Etoiles a une vocation explicitement totalitaire, écrit Giuliano da Empoli, dans le sens qu’il prétend représenter non pas une partie, mais la totalité du peuple. » Il ne cherche pas vraiment à entrer dans le jeu parlementaire classique – un système qu’il juge dépassé, mais à « conduire l’Italie vers un nouveau régime politique : la démocratie directe, dans laquelle les représentants des citoyens disparaissent » et où les décisions sont censées émaner directement du « peuple », qui s’exprimerait à tout moment, grâce aux sites... contrôlés par le mouvement. 

Comme on sait, à présent, les Cinq Etoiles ont pâli en Italie. Et c’est un populisme plus classique, clairement situé à l’extrême droite, celui de Matteo Salvini, qui a directement bénéficié de la désaffection de ses électeurs. 

 

La rage, le levier grâce auquel installer des populistes aux commandes...

Pour prendre le pouvoir, ils misent sur à la rage, selon da Empoli, « l’affect narcissique par excellence, qui naît d’une sensation de solitude et d’impuissance. » Plus les gens se sentent menacés par des phénomènes qu’ils ne comprennent, ni ne contrôlent, plus ce ressort est puissant. 

L’art des spin-doctor populistes consiste à amplifier cette rage et à la diriger contre ce qu’ils appellent « les élites » - élus, experts, représentants d’une institution, porteurs d’uniformes… Le jeu de massacre prend pour cible tout détenteur d’une autorité. 

La rage est un bon moyen d’accrocher l’attention des surfeurs de l’Internet. « Là, vous allez être vraiment scandalisé », leur promet-on ici. « Attendez-vous au pire avec cette histoire », ailleurs. Les réseaux sociaux entretiennent spontanément l’indignation et la colère. Les ingénieurs du chaos connaissent l’art d’exacerber les conflits, leur objectif, c’est la polarisation. Ils sèment les germes de la guerre civile, afin de récolter les fruits du ressentiment. Les « épidémies de colère » qui déstabilisent nos démocraties sont entretenues par des opérateurs parfaitement conscients de ce qu’ils font.

 

Une droite radicale nouvelle, vulgaire, outrancière et disruptive.

 

Prenez Steve Bannon, le maître ès-com de Trump ; ou Milo Yannopoulos. Voilà des personnages authentiquement disruptifs. Ils adorent choquer, transgresser, scandaliser. La droite radicale nouvelle, celle de l’ère d’Internet ne ressemble en rien à celle d’autrefois. Elle cultive la vulgarité, fanfaronne, défie les conventions. Et ça plaît !

Le plus grand danger qui menace nos démocraties libérales, conclut l’auteur de ce livre, Les ingénieurs du chaos, c’est la fusion des populismes d’extrême droite et d’extrême gauche. Et dans le contexte chaotique qui est à présent le nôtre, il suffit d’un événement infime, inattendu, d’un cygne noir, pour précipiter ce cocktail. Il peut se révéler détonnant."

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