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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

L’humeur du jour : des opinions en place de critères

Publié le 18 Avril 2023 par Jean Mirguet dans Le malaise

Je vous propose la lecture de ce passage, extrait de La tache, puissant roman de Philip Roth (1998), qui n’est pas sans évoquer notre actuelle République bien-pensante, éclairée par l’ultra-gauche et l’activisme écologique faisant fonction de Surmoi de notre Hexagone chéri, dans lequel la culture de la plainte semble ne plus avoir de limite.

Ernestine, sœur de Coleman, le personnage principal du livre :  « Du temps de mes parents, et encore du mien et du vôtre, les ratages étaient mis sur le compte de l’individu. Maintenant, on remet la matière en cause. C’est trop difficile d’étudier les auteurs de l’Antiquité, donc c’est la faute de ces auteurs. Aujourd’hui, l’étudiant se prévaut de son incompétence comme d’un privilège. Je n’y arrive pas, c’est donc que la matière pèche, c’est surtout que pèche ce mauvais professeur qui s’obstine à l’enseigner. Il n’y a plus de critères, monsieur Zuckerman, il n’y a plus que des opinions ».

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Une presse allumeuse

Publié le 12 Avril 2023 par Jean Mirguet dans Politique

« Constituée pour soutenir la défense d'Alfred Dreyfus, la Ligue des droits de l'homme a été de tous les combats du XXe siècle. Elle peut s'enorgueillir d'avoir porté haut les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité pendant plus de cent ans.

Plusieurs événements récents obligent, hélas, à constater que la Ligue a aujourd'hui bradé cet héritage (…) La LDH a cru pouvoir répondre au racisme dont sont victimes les jeunes issus de l'immigration en faisant preuve de complaisance à l'égard des organisations religieuses qui prétendent les représenter ». 

C’est ainsi que s’exprimaient en 2006, le journaliste Antoine Spire et l’avocat Cédric Porin, après avoir décidé de quitter la LDH.

Lors de l’affaire Redecker, ce philosophe menacé de mort pour avoir critiqué l’Islam radical, la LDH avait d'abord fait état de son rejet d' « idées nauséabondes », avant de concéder : « Quoi que l'on pense des écrits de M. Redeker, rien ne justifie qu'il subisse un tel traitement... ». « Mais l'ambiguïté et la timidité de ce soutien s'accommodent mal avec l'intransigeance qu'exige le combat pour la liberté d'expression », poursuivaient les deux démissionnaires qui concluaient ainsi : « Sans distance à l'égard du mouvement social, trop souvent ambiguë ou même compromise à l'égard d'un intégrisme islamiste dangereux, et en recul sur la lutte contre l'antisémitisme ou la défense de la liberté d'expression, la Ligue a perdu sa légitimité d'autorité morale de la République. Depuis longtemps, elle n'est plus l'organisation conçue pour défendre Dreyfus. Jusqu'à aujourd'hui, nous pensions que, association pluraliste, elle pourrait, malgré sa dérive, entendre une minorité à laquelle nous participions depuis des années. Mais cette dérive continue sans garde-fous. Il ne nous reste plus qu'à la quitter ».

 

Quid aujourd’hui de l’engagement de la Ligue des Droits de l’Homme pour la défense des droits et des libertés ? Quid de son autorité morale quand sa désinformation sur Sainte-Soline (cf. l’article du Point ci-dessous) s’inscrit dans la suite logique d’une dérive que nombre d’organes de presse, tels Le Monde, Télérama, n’hésitent pas à emprunter pressés qu’ils sont de dénoncer « les graves menaces que fait peser le gouvernement sur certains des garants des droits fondamentaux de notre pays » (sic !).

 

L’intox de la LDH sur Sainte-Soline fissure la Commission des droits de l’homme

Le Point 12/04/2023

La Licra, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), se désolidarise publiquement d’un courrier « à la rhétorique radicale » envoyé notamment en son nom.

La Ligue des droits de l’homme (LDH) a accusé l’État d’avoir délibérément empêché les secours d’accéder aux blessés lors de la manifestation de Ste Soline.

Dans un enregistrement audio publié et relayé par de nombreux médias, la Ligue des droits de l'homme (LDH) a accusél'État d'avoir délibérément empêché les secours d'accéder aux blessés lors de la manifestation qui a dégénéré а Sainte-Soline le 25 mars. De nombreux témoignages ont démontré qu'il n'en était rien et que, jamais, le Samu n'avait étéinterdit d'accéder aux blessés par les forces de l'ordre.

En dépit de ces témoignages qui interrogent sur le rôle joué par la LDH dans le débat public, le président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) Jean-Marie Burguburu a adressé le 7 avril un courrier courroucé à la Première ministre pour défendre l'association. Dans cette missive, Jean-Marie Burguburu prend la défense de la LDH, dans des termes proches de ceux utilisés par l'association.

« La Commission observe une tendance devenue systématique dans la rhétorique du ministre de l'Intérieur à dénigrer les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile, et à menacer de toucher à leurs subventions. Le ministre les présente comme des agitateurs, des délinquants, voire des terroristes. Ce discours, qui n'est pas sans rappeler celui largement utilisé par les autocraties à l'égard des défenseurs des droits de l'homme, conduit à une dangereuse remise en cause de l'utilité et de la valeur des actions de ces personnes engagées dans la défense des droits humains. Ce risque est d'autant plus grand que les associations de défense des droits de l'homme, comme les citoyens ordinaires, font le constat de nombreuses difficultés dans l'exercice des libertés fondamentales : liberté de manifestation, liberté d'expression, libertéd'information, liberté d'association, droit а la sûreté face à des arrestations sommaires, voire arbitraires, et droit au respect de l'intégrité physique face aux violences policières illégitimes », s'agace le président de la CNCDH dans ce courrier particulièrement véhément.

La Licra évoque un « dérapage alarmant »

Cette lettre et plus largement l'attitude de la LDH, ne fait cependant pas consensus au sein de la CNCDH. La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), qui siège aussi à la CNCDH, a fait savoir qu'elle se désolidarisait fermement de l'initiative du président de la commission, et plus largement de l'attitude de la Ligue des droits de l'homme avec laquelle elle entretient des relations plutôt fraîches. « А l'occasion des incidents survenus аSainte-Soline, cette association n'a en effet pas craint de laisser croire à une accusation mensongère en parlant d'entrave délibérée des secours aux manifestants. Ce comportement, loin d'être anodin, nous semble révélateur d'une dérive supplémentaire de cette association. La cautionner est une faute », s'alarme la Licra, qui s'agace aussi que le président de la CNCDH reprenne sous sa plume les termes particulièrement vifs de la LDH en faisant état d'un « caractère structurel des violences policières illégitimes », de « phénomènes institutionnels », « d'exactions » des forces de l'ordre, d'un discours du ministre « largement utilisé par les autocraties à l'égard des défenseurs des droits de l'homme », « d'arrestations sommaires, voire arbitraires », ou encore de « violences policières illégitimes ».

Ces termes, « inappropriés » d'après la Licra, « valident la thèse de la violence d'État [et accordent] un blanc-seing à ceux qui, aujourd'hui, désignent les pouvoirs publics comme l'ennemi public numéro un. La CNCDH n'est pas le porte-voix de la Ligue des droits de l'homme. Ce dérapage est alarmant », s'agace l'association, qui poursuit : « La CNCDH doit être capable de nommer sans outrances des situations conflictuelles, sans reprendre, mot pour mot, la rhétorique radicale qui enflamme aujourd'hui notre pays. » Mario Stasi, le président de la Licra, conclut que la CNCDH « ne peut, sans faillir àses fondamentaux, concourir а accréditer l'idée que la violence puisse connaître un début de légitimité, dés lors qu'elle est orientée vers des représentants de l'État », et évoque carrément l'idée d'une « entreprise de déstabilisation » pilotée par la LDH. Contactée par Le Point, la CNCDH n'a, pour l'heure, pas réagi.

Un membre de la Commission s'étonne de la démarche de la Licra et parle même de bombe à fragmentation : « C'est un courrier ultra politique fait pour fissurer le front uni des associations contre les propos de Darmanin qui attaque les associations de défense des droits humains. » Puis d'ajouter : « Cette association est clairement dans une démarche de GONGO [une organisation non gouvernementale parrainée par un gouvernement pour promouvoir ses intérêts politiques, NDLR), ils bénéficient de subventions énormes de la part de l'État. » La prochaine session plénière de la CNCDH promet d'être agitée.

 

Récemment, un post du site @medias_citoyens soulignait la « bonne santé » de la presse d’opinion en France, celle qui penche de plus en plus ouvertement vers la gauche mélanchonisée (Mediapart, Libération, France Info, Le Monde) ou celle qui lui fait face, animée par une ligne droitière, populiste ou réactionnaire comme Le Figaro, BFM TV, CNews, Marianne.

Au Monde, l’époque des réflexions exigeantes et d’un positionnement de centre gauche appartient au passé ; le service public, quant à lui, ne propose plus d’information suffisamment neutre et dépourvue de filtre idéologique. Aujourd’hui, le racolage est préféré à l’information … bien qu’il existe des millions de Français, composants les électorats modérés de la gauche, du centre et de la droite, qui aspirent à une information qui les éclaire, à des réflexions croisées et plurielles qui nourrissent leur pensée.

A force d’informations aguicheuses, de recherche du buzz, de propagande à peine déguisée, de propos orientés, les jugements se radicalisent en oppositions binaires et la nuance disparaît petit à petit, ce schématisme conduisant notre pays vers une radicalité et une rigidité critique propice au populisme et aux extrémismes.

 

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