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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Pétition : pour l’enseignement de la psychanalyse à l’Université

Publié le 26 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Psychanalyse

L’enseignement de la psychanalyse dans le cadre de la formation des psychologues à l’université est menacé de disparition.

La réforme en cours, visant à rendre lisible l’offre de formation en master, conduit le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche à envisager une seule mention dans le cas de la psychologie. Par cette seule mention « psychologie », ne resteraient plus qu’une uniformisation et qu’un modèle unique dans la formation des psychologues.

L’enseignement de la psychanalyse à l’université, qui existe en psychologie depuis plus de 40 ans, n’a cessé d’attirer des étudiants, en France et de l’étranger, et a permis de former des milliers d’entre eux qui travaillent aujourd’hui dans le champ médico-social et psychologique.

La psychanalyse à l’université est une spécificité culturelle française ; faire disparaître son enseignement et l’attractivité de sa recherche serait non seulement priver les étudiants d’une formation professionnelle reconnue par leurs employeurs, mais reviendrait à faire disparaître un patrimoine intellectuel, à effacer l’histoire même d’une pratique et d’une théorie qui a contribué et contribue toujours au rayonnement culturel de la pensée en France et dans le monde.

L’orientation psychanalytique doit apparaître explicitement dans la nomenclature des formations en psychologie.

Pour signer la pétition:

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Mississippi : le bayou au cinéma et "La conjuration des imbéciles"  de J.K. Toole

Publié le 25 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Cinéma, Littérature

De Nevada Smith en 1966 aux Bêtes du Sud sauvage qui reçut la Caméra d'or en 2012, l'imaginaire du bayou n'a cessé d'inspirer le cinéma. 
Retour sur ce paysage américain singulier qui regorge d’histoires extraordinaires.

Puis, à 14’50 du début de l’émission, regard sur La conjuration des imbéciles de J.K. Toole, un livre déjanté qui raconte l'aventure de Ignatius Reilly, un garçon odieux, génie et abruti complet qui se débat dans la Nouvelle-Orléans. Visite de la Nouvelle-Orléans dans les pas d’Ignatius, avec Joe Sanford qui a réalisé un documentaire sur la vie de Kennedy Toole.

Deux sujets d’Olivier Mirguet pour Personne ne bouge, Arte.

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Prostitution : pour Elisabeth Badinter, « l’Etat n’a pas à légiférer sur l’activité sexuelle des individus"

Publié le 19 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Politique

Elisabeth Badinter, 69 ans, est philosophe. Elle a souvent pris des positions à contre-courant sur les grands sujets de débats parmi les féministes: opposée à la loi sur la parité en 2000, elle est favorable à la grossesse pour autrui sous certaines conditions. Dans son dernier ouvrage, Le Conflit: la femme et la mère (Flammarion, 2010), elle dénonçait le retour du naturalisme et de la culpabilisation des mères.

Propos recueillis par Gaëlle Dupont, journaliste au journal Le Monde

Qu'avez-vous pensé de l'appel des "343 salauds", qui s'opposent à la pénalisation des clients de prostituées au nom du respect de la liberté ?

C'était une intervention nécessaire, car je suis frappée du silence des hommes dans ce débat. Deux catégories d'individus ne s'expriment pas: les hommes, prochaines cibles de la loi, et les prostituées. La forme était contestable. Mais je n'ai pas de critiques sur le fond.

Pourquoi êtes-vous défavorable à la pénalisation des clients de prostituées ?

La pénalisation, c'est la prohibition. Je préfère parler de prohibition plutôt que d'abolitionnisme, car c'est l'objectif des auteurs de la proposition de loi. Ils font référence à l'abolition de l'esclavage ! La vente d'un individu n'est pas comparable à la prostitution, qui est une mise à disposition de son corps à des fins sexuelles, que l'on peut accepter ou refuser dès lors que l'on n'est pas prisonnière d'un réseau. Leur argument est qu'il faut tarir la demande pour qu'il n'y ait plus d'offre. Je n'arrive pas à trouver normal qu'on autorise les femmes à se prostituer, mais qu'on interdise aux hommes de faire appel à elles. Ce n'est pas cohérent et c'est injuste.

La deuxième raison de mon opposition est que l'on prétend qu'il n'y a que la prostitution esclavagiste, dominée par les réseaux, où les femmes n'ont pas moyen de dire non. Mais il y a aussi des indépendantes et les occasionnelles, qui veulent un complément de ressources. Leur interdire de faire ce qu'elles veulent avec leur corps serait revenir sur un acquis du féminisme qui est la lutte pour la libre disposition de son corps. Même si c'est une minorité de femmes. Ce n'est pas une affaire de quantité mais de principe.

Pourquoi, selon vous, les hommes sont-ils une "cible" de cette loi ?

Je ressens cette volonté de punir les clients comme une déclaration de haine à la sexualité masculine. Il y a une tentative d'aligner la sexualité masculine sur la sexualité féminine, même si celle-ci est en train de changer. Ces femmes qui veulent pénaliser le pénis décrivent la sexualité masculine comme dominatrice et violente. Elles ont une vision stéréotypée très négative et moralisante que je récuse.

Peut-on parler de choix lorsqu'on est dans une stratégie de survie ?

Toutes les femmes qui ont besoin d'argent ne se prostituent pas pour survivre! Pour les victimes des réseaux, on ne peut plus parler de choix car il est quasiment impossible de revenir en arrière. La lutte contre l'esclavage des femmes doit donc être sans merci. Pour lutter contre les réseaux, il faut une condition sine qua non: que les prostituées puissent dénoncer leurs proxénètes à la justice sans craindre pour leur vie. Elles doivent être assurées de leur sécurité, d'avoir des papiers, et d'être aidée. La loi contient des dispositions en ce sens, mais qui me paraissent vagues. Quel est le budget? Comment le prévoir quand on ne connaît même pas le nombre de prostituées? Est-ce que la lutte contre les réseaux sera une priorité pour la police? Je n'ai pas le sentiment que cela soit le cas.

Vous acceptez que des femmes se livrent à un travail très pénible, avec parfois des séquelles psychologiques lourdes ?

Je n'ai jamais pensé que la dignité d'une femme reposait sur la sexualité. Je suis favorable à la pédagogie sur la prostitution et les séquelles qui peuvent en résulter. Mais toutes les femmes n'ont pas le même rapport à leur corps. Dans certaines conditions, la prostitution est difficile à vivre, mais il y a des femmes pour lesquelles ce n'est pas aussi destructeur qu'on le dit. Je regrette qu'on n'entende pas davantage les prostituées. Elles seules sont habilitées à parler. Mais quand l'une affirme: "Je le fais librement", on dit qu'elle ment et qu'elle couvre son proxénète. Ce sont les seuls êtres humains qui n'ont pas le droit à la parole.

Quelles seront les conséquences de la loi selon vous? Est-ce qu'elle va mettre fin à la prostitution ?

Bien sûr que non. Je ne connais aucune prohibition qui fonctionne. Elle démultiplie le pouvoir des mafieux. Les prostituées disent qu'elles ont besoin de parler avec le client pour savoir qui il est. Elles apprennent à détecter les pervers. Dans la négociation, la prostituée peut dire ce qu'elle fait ou ne fait pas. Je suis inquiète pour celles qui vont passer par Internet: elles n'auront plus la possibilité de faire cet examen. Une loi qui veut venir au secours des plus faibles va en fait multiplier les dangers. D'ailleurs, la Norvège veut revenir sur la prohibition décidée en 2009.

L'Etat ne doit-il pas dire ce qui est acceptable ou non, comme lorsqu'il interdit la vente d'organes ou fixe un salaire minimum ?

La vente d'organes est une mutilation définitive, le salaire minimum permet de lutter contre la misère. Ce n'est pas comparable. Sous prétexte de lutter contre les réseaux, c'est la prostitution qu'on veut anéantir. L'Etat n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus, à dire ce qui est bien ou mal. Où commence et où finit la prostitution? Combien de femmes ou d'hommes sont en couple pour l'argent? Personne ne songe à aller y voir. On ne parle jamais de la prostitution masculine. Il y a aussi une misère sexuelle féminine et des femmes qui font appel à des prostitués. Il n'est plus alors question de domination masculine dénoncée par les auteurs de la loi.

La prostitution est-elle nécessaire pour l'assouvissement de certains besoins sexuels, faut-il en faire un métier comme un autre ?

Oui, et c'est pour cela qu'on ne pourra pas l'éradiquer. Sur la légalisation, il faut être prudent. On voit qu'en Allemagne, les choses dérapent, les mafieux profitent de la reconnaissance de la prostitution. Il faut donc en faire une activité sécurisée, donner aux prostituées les droits qu'elles réclament, comme celui de s'associer ou de louer un studio. Je voudrais tellement qu'on arrête de traiter les prostituées comme des rebuts de l'humanité. Un certain discours bien-pensant ne peut que les enfoncer davantage dans l'humiliation.

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La Vénus à la fourrure

Publié le 17 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Cinéma

Après la polémique suscitée par le projet de pénalisation des clients de prostituées et les échanges ubuesques auxquels elle a donné lieu concernant les rapports hommes–femmes, il convient d’applaudir la sortie de La Vénus à la fourrure, dernier film de Roman Polanski dont le titre reprend celui du roman de Léopold von Sacher-Masoch.

Thomas, metteur en scène auteur, rencontre Vanda son actrice devenue fétiche. Le grand scénario masochiste se déploie, qui va conduire Thomas vers le brasier de l’humiliation consentie. Comme le Séverin du roman de Sacher-Masoch, la crainte de Thomas à l’égard des femmes est à la mesure de l’inquiétant intérêt qu’il leur porte. L’intrusion de Vanda dans son monde va lui permettre d’explorer le champ troublant de ses désirs et de s’abandonner au vertige de sa tortionnaire.

Mais où est la victime, où est le bourreau quand le masochiste entraîne sa partenaire dans un scénario où la femme se retrouve sous la domination insidieuse (et illusoire ?) de l’homme qui la provoque à le battre ? Il se crée alors une troublante complicité entre l’une et l’autre, tour à tour maître et esclave.

Quant au metteur en scène, n’est-il pas une sorte de démiurge, capable comme Jupiter, de faire naître de sa cuisse où il l’a enfermé son enfant Dyonisos-Vanda ? De Vanda, femme fatale, il en fait sa déesse, mi-divine mi-humaine comme l’était Dyonisos, à la fois dieu et homme. Une des dernières scènes du film nous la montrera d’ailleurs, dansant autour de son créateur dans la tenue dyonisiaque d’une Ménade célébrant rituellement son dieu et faisant retentir l’air de ses hurlements barbares.

Parmi les multiples modalités de rencontres (qu’elles soient homos ou hétéros), celle qui nous est contée dans ce film démontre, si besoin était, que le rapport entre celui qui est dit homme et celle qui est dite femme n’est décidément jamais simple, n’en déplaise à la pudibonderie ambiante qui rêve de civiliser la sexualité humaine, autrement dit la normaliser.

La femme, peut-on lire dans le roman, « telle que la nature l'a faite, et telle qu'elle attire l'homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou bien son tyran, mais jamais sa compagne ».

N’y-a-t-il pas lieu de reconnaître dans cette affirmation radicale une version de l’aphorisme lacanien du non-rapport sexuel : dans l’inconscient, il n’y a pas de rapport entre les sexes qui soit programmé et la croyance dévote à des temps harmonieux dans les rapports hommes-femmes, bien que largement partagée, est assurément illusoire.

La Vénus à la fourrure
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Randy Moore s’attaque à Disneyworld

Publié le 14 Novembre 2013 par Olivier Mirguet dans Cinéma

Escape from tomorrow est sorti aux USA et sur tous les supports numériques. Un premier film réalisé par Randy Moore et qui fait sensation aux Etats-Unis. Cette histoire de père de famille en virée à Disneyworld avec femme et enfants et qui devient fou, a été tournée en cachette dans les parcs Disney, sans aucune autorisation. Rencontre avec Randy Moore sur la jetée de Santa Monica et son petit parc d’attraction.

Un reportage d’Olivier Mirguet pour Arte Journal.

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Puritains et dissidentes

Publié le 13 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Le malaise

Récemment, je publiais le « Manifeste des 343 salauds », initié par le mensuel Causeur pour protester contre le projet de loi pénalisant les clients de prostituées.

On connaît les effets de ce manifeste dans les heures qui ont suivi sa publication : un tombereau d’insultes et de vociférations indignées tombant sur les auteurs du Manifeste et les signataires de la pétition « Touche pas à ma pute », coupables d’avoir commis le sacrilège de se référer au « Manifeste des 343 salopes ». « Outrage aux bonnes meufs », aurait conclu Philippe Muray.

A juste titre, Elisabeth Lévy, directrice de la publication, relève que personne ne semble s’être inquiété de l’intolérance fanatique de ces détracteurs et de leurs ligues de vertu aux propos sentencieux.

C’est par un procédé voisin qu’il y a quelques mois, Charlie Hebdo était la cible d’une accusation du même ordre, le délit de blasphème, à propos des caricatures de Mahomet.

Et, last but not least, c’est Christiane Taubira, Ministre de la justice, qui cristallisant les haines, s’étonne, la semaine passée, qu’aucune « belle et haute voix ne se soit levée » pour dénoncer les attaques racistes qui lui étaient adressées… « Quel silence devant le racisme ordinaire », constate tristement Marie-Georges Buffet dans son interpellation à un Président de la République resté muet pendant de longs jours.

Ces événements font série. Ils fédèrent sous une commune bannière racistes et puritains rêvant d’un monde dans lequel régnerait le parti du Bien, où les différences seraient abolies et où l’extinction de l’altérité mettrait fin au désordre des dissidences.

Au premier rang de la dissidence se trouvent celles qui sont dites femmes et leur lien supposé privilégié au sexe. Putains, noires, voilées, elles sont l’objet de la polémique suscitée par Causeur, de la haine raciste, de l’intégrisme religieux de nombre de pays musulmans : ravalées, mises à mal comme symbole de ce qui se met en travers du discours de la norme, la norme mâle s’entend, ce qu’elles ont en propre, le féminin, n’y est pensé qu’à l’aune de ce qui vaut pour les hommes. Ces mêmes hommes qui, comme le journaliste et écrivain Dominique Simonnet (cf. Le Monde du 8 novembre), nous exhortent à ouvrir les yeux pour voir que, « au XXIe siècle la sexualité humaine n’est toujours pas civilisée » (sic !!).

Heureusement, en contrepoint de cette agitation, une bonne nouvelle est arrivée aujourd’hui : Marie Darrieussecq est la lauréate du prix Médicis pour Il faut beaucoup aimer les hommes. Soyons reconnaissant à ce que l’actualité a de contingent : elle fait se rencontrer des événements imprévisibles tributaires de circonstances fortuites. N’est-ce pas, précisément, ce qui caractérise la rencontre amoureuse, y compris celle qui se paye?

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Hollywood et les nazis

Publié le 4 Novembre 2013 par Jean Mirguet dans Cinéma

Hollywood était-elle à la solde des nazis ?

Pour Hollywood, le marché allemand du cinéma était vital durant l'entre-deux-guerres puisque dans les années 30, l'Allemagne possédait le plus grand nombre de cinémas en Europe. Mais l'industrie américaine du cinéma a-t-elle fait des concessions à Hitler pour conserver ses entrées en Allemagne ? C'est la question dérangeante et polémique qu'aborde un livre publié aux Etats Unis, "The Collaboration" de Ben Urwand aux éditions Harvard University Press. Eléments de réponse avec le reportage d'Olivier Mirguet à Los Angeles, pour Arte Journal.

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