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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Facebook, la censure

Publié le 31 Mars 2013 par Jean Mirguet

Femen

Télérama de cette semaine nous en apprend de bien belles à propos de Facebook et de son inculture : les Galeries nationales du Jeu de Paume qui, actuellement, présentent une rétrospective de l'oeuvre de la photographe Laure Albin Guillot, ont décidé de supprimer la publication d'une photo de nu car le réseau social les menaçait de fermer définitivement leur compte (la photo est revenue après 24h mais avec les seins cachés !!).

Idem pour le dessinateur Mick Stevens du New Yorker qui a dû redessiner un soutien-gorge à Eve, qu'il avait représentée nue au paradis !

Le père la-morale américain édicte ses règles dont il est seul à déterminer la justesse et appelle à la délation, ce qu'il appelle pudiquement son rapport d'abus : "Si vous trouvez sur FB quelque chose qui semble être une violation de nos conditions, nous vous demandons de nous le signaler".

Origine du Monde

Parmi les standards de publication, Facebouc impose des limites à l'affichage de certaines parties du corps mais il tolère des photos de sculpture telles que le David de Michel-Ange avantageusement appareillé ou des photos avec un enfant au sein de sa mère, à la condition que le sein ne soit pas pleinement exposé et qu'il ne montre pas le téton ou l'aréole. Autrement dit, publiez L'Origine du Monde et vous serez impitoyablement virés. Marie-Claire a vu ses photos retirées récemment car le magazine avait publié des photos d'une campagne contre le cancer du sein où des modèles posaient topless.

En novembre 2011, L'Express publie une photo de l'artiste chinois dissident Ai Wei Wei posant nu avec quatre femmes nues, elles aussi. Son intention était de représenter le pouvoir entouré des quatre classes sociales chinoises. Après avoir été accusé de pornographie par les autorités, son cliché a été retiré par FB.

Ai Wei Wei

"Nous pensons simplement au bien-être de tous", explique FB. Comme quoi, méfiez-vous toujours de ceux qui veulent votre bien ... Rappelez-vous Ste Agathe qui, refusant de renoncer au christianisme, se fit couper les seins : au XXIe siècle, c'est Facebook qui s'en charge.

 


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"Il y a des fleurs partout" (5), une nouvelle de H. Illégent

Publié le 30 Mars 2013 par H. Hillégent dans Nouvelles

Il la dévisageait de façon quasiment impudique. Chizu ne savait comment réagir à ce regard qui la scrutait et inspectait la moindre de ses mimiques. Raide dans son fauteuil, elle essayait de regarder ailleurs mais n’y parvenait pas. L’ascendant de cet homme était si puissant qu’elle ne pouvait se soustraire au pouvoir qu’il exerçait sur elle.

Son angoisse montait à la façon d’un tsunami qui s’annonce et va tout emporter sur son passage. L’image de la célèbre Grande Vague d’Hokusai traversa son esprit ; elle avait l’impression de se trouver sur une des barques et d’être un des rameurs cramponnés à leurs rames. Pris dans cette forte tempête, ils avaient peu de chance de réchapper à ce monstrueux dragon prêt à  les dévorer.

Il ouvrit le tiroir supérieur de la commode située sur sa droite, en sortit une paire de gants médicaux en latex. Il les enfila lentement, presque sensuellement, en faisant crisser le caoutchouc sur ses doigts.

Le regard de Chizu ne pouvait se détacher de ces longues mains gantées, des mains de chirurgien, prêtes à accomplir une opération dont elle savait maintenant qu’elle lui était destinée.

Il approcha lentement les mains des yeux de Chizu et, brusquement, les enfonça dans les cavités oculaires. Chizu poussa un cri épouvantable, terrifiant et perdit connaissance, se disloquant dans le fauteuil dont la couleur se mêlait à celle de son sang.Enuclée

Le voleur d’yeux mit les deux globes sanguinolents dans un sac réfrigéré et s’enfuit, laissant Chizu énuclée pour morte.

Il regagna sa voiture et reprit la direction de Little Tokyo. Il se gara dans First Street, près du Musée National Americo-Japonais dans lequel il pénétra par une petite porte située sur l’arrière. Un vieux monsieur l’attendait, qui prit le sac, en vérifia le contenu et alla le ranger avec beaucoup de précautions dans le frigidaire qui se trouvait là.

 

On se souvient que ce musée avait été construit sur l’emplacement de l’ancien temple bouddhiste Nishi Hongwanji et qu’il avait été utilisé pour stocker des marchandises envoyés aux Américains d’origine japonaise, déportés après l’attaque de Pearl Harbour.

C’est de là que fut expédiée la vieille paire de lunettes, reçue quelques semaines plus tard par Mugito Watanabe, interné au camp de Tanforan, au sud de San Francisco.

Le voleur d’yeux, son petit-fils, avait appris bien des années après sa libération comment son grand-père, atteint d’une grave maladie oculaire pendant sa détention, était devenu aveugle. Une opération lui permettant de recouvrer la vue grâce à la greffe des deux globes oculaires aurait pu être tentée, malheureusement Mugito était trop pauvre pour la payer.

Alors qu’ilMont Fuji avait été un calligraphe réputé avant la guerre, il vivait modestement de la fabrication de pinceaux à lavis, aidé par son petit-fils Ishi qui rêvait qu’un jour, son sofu pourrait de nouveau contempler le mont Fuji.

 

Emergeant comme hébétée de sa syncope, Chizu cligna des yeux puis les rouvrit pour apercevoir une douzaine de visages qui, penchés sur elle, la scrutaient intensément. Elle poussa un petit cri d’effroi, mais réussit à s’apaiser quand une vielle dame lui dit de ne pas s’inquiéter, que, par cette chaleur suffocante de juillet, elle avait eu un malaise et qu’une ambulance était en route pour l’emmener à l’hôpital le plus proche.

Elle chercha des yeux le client dont elle prenait la commande tout-à-l’heure. Il avait disparu.

Elle se dit alors qu’il lui fallait impérativement reprendre rendez-vous avec le Dr James Saving, son psychiatre. Il la soignait pour une autoscopophobie.

Autoscopophobie

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"Il y a des fleurs partout" (4), une nouvelle de H. Illégent

Publié le 29 Mars 2013 par H. Hillégent dans Nouvelles

Alors que son agitation intérieure était à son comble, elle se souvint subitement. Elle avait déjà vu cet homme dans un rêve. Les images du rêve lui revenaient maintenant en cascade. Un rêve terrifiant, qui ouvrait sur un abîme. Elle se regardait dans la glace d’une armoire et le reflet de ses yeux en sortait. Un homme, celui-là même qu’elle venait de servir, s’en emparait et disparaissait. Elle se regardait de nouveau dans la glace et ne voyait plus le reflet des yeux qui avait disparu. Son reflet ne la regardait plus. Là où se trouvaient ses yeux, deux cavités sans vie étaient devenues deux nids où grouillaient de minuscules serpents. Prise de terreur à la vue de cette tête de Gorgone, elle s’était réveillée trempée de sueur, en proie à une angoisse indescriptible.

 

Debout à côté de l’homme, ne sachant où diriger son regard et incapable d’articuler le moindre mot, elle était pétrifiée. Son malaise était grandissant. Elle était au bord de l’évanouissement. Un voile passa devant ses yeux.

 

L’homme se leva, lui commanda de la suivre. Elle obéit comme un automate.

Ils montèrent dans sa voiture, une vieille Buick Super Eight bleu foncé de 1941,Buick garée le long d’Alameda Street. Il démarra et se mêla au flot des automobilistes qui remontaient vers le Nord-Est, en direction de Pasadena.

Assise sur la banquette arrière beige, Chizu reprenait petit à petit ses esprits. Elle essaya d’articuler quelques mots, mais ne put bafouiller qu’un inaudible « où m’emmenez-vous? ». 

L’homme y prêta à peine attention. Un sourire énigmatique barrait son visage soigneusement rasé.

 

Chizu regarda sa montre. Il était 13h30. Elle se dit que la patronne du Tokyo Kaikan, occupée derrière son comptoir et qui n’avait rien vu de l’enlèvement compte-tenu de la foule qui déambulait ce jour-là sur la Japanese Village Plaza, avait sans doute remarqué sa disparition et avait alerté la police.

Après avoir roulé environ une demi-heure, la voiture pénétra dans le parking situé dans le sous-sol d’un immeuble. L’homme coupa le contact, descendit calmement de la voiture, ouvrit la portière arrière et demanda à Chizu de le suivre. Elle s’exécuta docilement.

Ils empruntèrent l’ascenseur qui les déposa au 19ème étage.Gratte-ciel L’homme sortit un trousseau de clés de sa poche et ouvrit la porte d’un appartement qui portait le numéro 1914.

Ils pénétrèrent dans une grande pièce, faiblement éclairée par un rai de lumière filtrant au travers de persiennes fermées. Nous étions début juillet et, comme toujours à Los Angeles, le soleil était éclatant.

L’homme alluma l’abat-jour qui se trouvait derrière deux fauteuils rouge. Il invita poliment la jeune femme à s’asseoir puis se cala dans son fauteuil. Un long silence s’ensuivit. 

 

(A suivre ...)

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"Il y a des fleurs partout" (3), une nouvelle de H. Illégent

Publié le 28 Mars 2013 par H. Illègent dans Nouvelles

Elle eût vite fait d’avaler son breuvage qui la requinqua mais sans dissiper l’étrange impression qui l’habitait depuis qu’elle s’était levée. Elle restait sous l’effet de ce tube niais qu’elle venait d’entendre à la radio ; les fleurs dont il était question lui évoquaient la couleur rouge sang des coquelicots.Coquelicot

Elle remonta dans sa chambre pour s’habiller. L’horloge marquait 8h45 et il était temps de partir si elle ne voulait pas rater le bus de 9h06 qu’elle prenait en bas de la rue. Elle enfila un jean, mit son t-shirt noir qui portait cette inscription, écrite en grandes lettres noires : SAVE ME.

Le bus la déposa 20mn plus tard à Union Station qui, comme à l’habitude, grouillait de monde. De là, elle gagna les quais de la Gold Line où un métro la déposa à Little Tokyo, deux stations plus loin.

Chizu, c’était son prénom, travaillait dans le quartier japonais. Elle était serveuse au Tokyo Kaikan, restaurant célèbre pour ses sushis et, plus spécialement, son inimitable California Roll.

Le premier client auprès de qui Chizu prit la commande avait une allure un peu bizarre. C’était un Japonais d’une soixantaine d’années.

Chizu en était certaine. Elle avait déjà vu cet homme quelque part.

En lui apportant son plateau, elle prit soin de ne pas le regarder et d’éviter que leurs regards ne se croisent. Ses yeux ne cessaient de bouger, Regardcherchant un endroit impossible où se poser. Elle était convaincue que son regard créait de la gêne chez l’autre, comme si son humeur se répandait sur lui et l’influençait. Elle avait la certitude que le regarder dérangeait son vis-à-vis et se trouver en présence d’une autre personne, homme ou femme, l’angoissait toujours.

 

(A suivre ...)

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"Il y a des fleurs partout" (2), une nouvelle de H. Illégent

Publié le 27 Mars 2013 par H. Illégent dans Nouvelles

Masque 1Une à une, les figures apparaissaient. Certaines âgées, les autres jeunes, elles arboraient toutes un masque de souffrance. Elle imaginait les centaines de fleurs qui seraient disposées sur les tombes de ces gens, ces personnes qu’elle avait tuées.Masque 2

 

Dans ses rêves, elle était une personne différente. Moins froide, plus humaine, une femme qui n’avait pas peur de montrer ses émotions, une personne qui était troublée par ce qu’elle voyait en elle-même. Mais ça, elle ne le saurait jamais.

Chaque fois qu’elle sombrait dans les bras de Morphée, elle se réveillait le matin suivant sans se rappeler de ses rêves. Jamais elle n’avait pu fixer, dans son cerveau, les événements souvent mouvementés qui se passaient dans son subconscient la nuit. Aujourd’hui n’était pas une exception : elle ne se souvenait de rien.

 

Elle prit sa douche et s’essuya. Quand elle sortit de la salle de bain, en peignoir et les cheveux encore mouillés, la radio jouait le nouveau tube, Il y a des fleurs partout pour celui qui veut bien les voir. Elle soupira et leva les yeux au ciel ; elle détestait vraiment ces niaiseries.Fleurs partout

 

Elle se dirigea vers la cuisine pour se préparer un café bien fort car, quoiqu’elle dise en prétendant ne rien se souvenir de ses rêves, il lui en restait quelques traces, trop floues et imprécises cependant, pour en faire les éléments d’un récit. Ces restes diurnes enveloppaient son esprit comme le brouillard qui, certains jours, recouvre les superstructures du célèbre Golden Gate Bridge.

(A suivre ...)

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"Il y a des fleurs partout" (1), une nouvelle de H. Illégent

Publié le 26 Mars 2013 par H. Hillégent dans Nouvelles

Il se tortillait les doigts nerveusement en marchant rapidement. Il n’aimait vraiment pas les allées noires, mais pour rentrer de son travail, il était bien obligé de passer par cette rue étroite Rue étroite à LAqui sentait l’urine de chien. Depuis quelques jours, il se sentait mal à l’aise, comme si quelqu’un le suivait. Il se surprenait à sursauter et à regarder soudainement derrière lui à n’importe quel moment de la journée. Il continua à marcher d’un pas hésitant, évitant soigneusement les excréments sur son chemin.

Cachée derrière une poubelle, elle regardait impatiemment les aiguilles phosphorescentes de sa montre qui diffusaient une faible lumière verte. Il y avait déjà une demi-heure et deux minutes que son contrat aurait du être rempli. La crosse du pistolet silencieux s’enfonçait dans sa hanche et lui causait de l’inconfort, mais elle l’ignorait. Tout en gardant ses yeux directement sur la cible, elle sortit l’objet en question et posa le doigt sur la détente avec la facilité qui vient après des années d’entraînement.

Il poussa un soupir de soulagement. Ah ! presque sorti de l’allée ! Il était honteux de lui-même d’être si terrifié par le noir. Peut-être devrais-je aller voir un thérapeute, se dit-il.

Elle ricana presque, puis se mordit la langue. Dans ses chasses à l’homme, c’était le moment qu’elle aimait le plus. La joie que lui procurait un travail bien fait était immense. En un bond, elle fut à côté de la cible puis, en un mouvement presque gracieux, elle le mit au sol.

 

PistoletTout à coup, il sentit un choc violent dans son dos, puis plus vite que son cerveau puisse suivre, sa joue était pressée contre le sol. Instinctivement, il essaya de se débattre, mais en vain : ses bras étaient cloués au sol.

Calmement, elle sortit son revolver, qui était alourdi par le large bout de caoutchouc qui reposait sur le canon du pistolet. Elle appuya le pistolet sur le front de la cible paniquée, qui balbutiait de le laisser tranquille. Il y eut un choc étouffé comme si quelqu'un avait lancé un coussin contre le sol, et son bras fut secoué par le rapport de l’arme. Les cris s’arrêtérent soudainement, et les yeux paniqués se figèrent. Elle ferma ses paupières, chuchota à son oreille : « Je suis désolée », et partit.

(A suivre ...)

 

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Ras-le-bol

Publié le 25 Mars 2013 par Jean Mirguet

Dans le Huffington Post du 25 mars, Anne Sinclair, sa directrice éditoriale, aligne une compilation des « je n’en peux plus » de l’actualité de la semaine. Salutaire exercice qui m’a donné, à moi également, l’idée d’aligner les ras-le-bol de toutes natures qui, en ce-moment, font obstacle à l’arrivée du Printemps !

Alors, voilà :

-J’en ai as le bol de la mollesse de mon Mac dont la lenteur devient de plus en plus exaspérante.

-J’en ai ras-le-bol d’On va tous y passer, l’émission de Frédéric Lopez sur France-Inter, mélange de ton doucereux et d’humour vulgaire comme celui de Daniel Morin.

- J’en ai ras-le-bol des crétins qui vandalisent les parcmètres dans ma rue et des barbares qui bombent les façades des immeubles récemment ravalées.

- J’en ai ras-le-bol de la banalisation du FN et des discours faussement bonhommes et fallacieux de la fille Le Pen et de Philippot.

- J’en ai ras-le-bol de l’indignation des hommes politiques et des injures qu’ils adressent aux juges.

- J’en ai ras-le-bol des croûtes accrochées aux murs des espaces socio-culturels communaux par les autoproclamés artistes.

- J’en ai ras-le-bol de la langue de bois de Coppé et Wauquiez.

- J’en ai ras-le-bol de ne pas posséder de chemises blanches à col droit comme celles de BHL, achetées chez Charvet, à  350 € pièce.

- J’en ai ras-le-bol des patients qui prennent rendez-vous et ne viennent pas.

- J’en ai ras-le-bol de la stérilité d'Obama au Proche-Orient dont les discours, moralement justes, restent sans effet.

-J’en ai ras-le-bol des dérives populistes de Mélenchon qui deviennent de plus en déplacées.

- J’en ai ras-le-bol de la jouissance obscène de ceux qui ne cessent de railler François Hollande.

- J’en ai ras-le-bol du fascisme vert des islamistes.

- J’en ai ras-le-bol des bien pensants flagorneurs et de leurs discours grandiloquents, des dévots et hommes de Bien. Ils devraient lire ou relire Le discours de la servitude volontaire de La Boétie.

- Comme Anne Sinclair, j’en ai ras-le-bol des impôts qui devraient augmenter, de l'austérité qu'on devrait bannir, de la croissance qui ne revient jamais.

- J’en ai ras-le-bol des Trissontin dont l’emphase et le verbiage cherchent à flatter et à jeter de la poudre aux yeux pour éblouir ceux qui, laïcs ou religieux, politiques ou psychanalystes, se prosternent.

- J’en ai ras-le-bol de la jubilation des pédants qui s’arrangent pour se trouver au cœur de la polémique, diviser pour faire parler d’eux et révéler les faiblesses de chacun.

- J’en ai ras-le-bol des maltraiteurs de la langue.

- J’en ai ras-le-bol des militants de la transparence et de laRas le bol traçabilité, des massacreurs du secret. « L’enfer est né d’une indiscrétion », disait Céline. A quoi Philippe Muray ajoute : « On a dissipé le brouillard. On a dissipé le secret. L’indiscrétion totale, c’est l’Enfer moderne, avec son ersatz de plaisir sous forme d’exhibition obligatoire ».

- J’en ai ras-le-bol des thuriféraires d’un monde sans Mal, entièrement positif : rien n’est pire qu’un tel monde.

- J’en ai ras-le-bol ....

A vous d’allonger la liste si le cœur vous en dit. Envoyez-moi vos ras-le-bol, je les ferai figurer dans une rubrique « Ras-le-bol ».

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Utopie et pulsion de mort, par Michel Brun

Publié le 18 Mars 2013 par Michel Brun dans Politique

L'angélisme de Stéphane Hessel fait sans doute partie de ces  utopies généreuses qui permettent à l'homme de rêver un peu et de croire en l'existence d'un monde meilleur. Nous en connaissons quelques-unes qui se sont solidement implantées  au cours de l'Histoire, tel le christianisme ou le communisme. Mais la politique les a récupérées et y a retrouvé ses droits, pour le pire.  C’est-à-dire réitérer l'oppression de l'homme par l'homme, au nom de la volonté du bien. Car "cela n'est pas le mal qu'il  faut craindre" nous dit Lacan, "c'est le bien" !  Ce qui est une façon de donner tort à Descartes pour qui la seule passion concevable était la "bonne volonté". Ou encore à Kant, promoteur de l'idée d'une gouvernance mondiale qui permettrait aux hommes de vivre en paix. Or on voit ce qu'il est advenu du "machin" comme le disait De Gaulle en parlant de l'ONU.

Là où la chose politique et la psychanalyse peuvent se rejoindre c'est dans le fait qu'elles ne sont pas des humanismes, mais un mode de traitement de la division du sujet. S'adressant à des étudiants en philosophie, Lacan leur dit ceci : "la psychanalyse n'est pas un humanisme car son objet n'est pas l'homme, mais ce qui lui manque". C'est pourquoi éduquer, gouverner et psychanalyser sont des tâches impossibles car le manque qui transit leurs opérations ne saurait être nommé.

Psychanalyse et politique ont ceci de commun qu'elles sont à la recherche d'un improbable objet qu'il faut bien considérer comme perdu. Ce qui peut rendre littéralement enragé...

Pour terminer, signalons la parution à Montréal de L'instant du danger (Éditions du Passage, Montréal, 2012). Il s'agit d'un remarquable ouvrage écrit par Michel PETERSON, universitaire et psychanalyste québécois. À l’écoute pendant plus de dix ans de réfugiés politiques, d'humains déshumanisés par la torture, ou de rescapés de génocides, il nous montre à l'envi que le "plus jamais ça" n'est qu'un vœu pieux et que le règne de la pulsion de mort, cette part maudite au sein des sociétés humaines, n'est pas près de s'achever.

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Indignez-vous ?

Publié le 17 Mars 2013 par Jean Mirguet dans Politique

Stéphane Hessel est décédé le 27 février dernier. Nul ne contestera le courage de cet homme dont la vie et l’itinéraire inspirent le respect. Le lendemain de sa mort, tous les journaux (ou presque) célébraient l’exemple de bravoure qu’il était devenu, son intarissable énergie et son optimisme inépuisable ayant fait de lui un héros comme il n’en existe plus.

Cependant, on ne peut manquer de s’interroger sur les effets de son discours et de ses publications, spécialement le succès mondial de son Indignez-vous !, opuscule d’une grande faiblesse argumentative, construit sur de bonnes et louables intentions mais d’un angélisme quelque peu déconcertant.

Sans doute, le chemin de Stéphane Hessel était-il, comme l’enfer, pavé des meilleures intentions du monde, celles qu’habitent en général les belles âmes de gauche dont l’humanisme neu-neu permet d’éviter de prendre en compte la violence des rapports humains. Cet humanisme ne manque pas d’offrir un certain confort et du repos à ceux qui choisissent d’éviter d’affronter le problème du rapport de l’homme avec l’homme, question politique fondamentale.

Le philosophe et essayiste Jean-Claude Milner ramène cette question politique à la question des corps et de leur survie (voir son dialogue avec Alain Badiou, Controverse, publié au Seuil à l’automne) ; il fait commencer la politique avec la mise en suspens de la mise à mort de l’autre, c’est-à-dire parler plutôt que tuer. Cela suppose, précise-t-il, que la politique soit habitée par la division, la division inhérente à l’être parlant. C’est à cette condition que les tueries peuvent être réellement évitées. Donc, ce qui est politique n’est pas ce qui harmonise mais ce qui divise. La politique n’est pas l’oubli ou l’occultation des problèmes, ce n’est pas Labiche et son Embrassons-nous, Folleville !

Si on ramène la politique à sa nature essentiellement divisible, elle est antihumaniste. A trop parler d’humain et d’humanisme lorsqu’on se flatte de parler politique, n’en vient-on pas à dire réellement : « Fermez votre gueule sur la politique, dégagez il n’y a rien à voir » ... Sans qu’il l’ait voulu, n’est-ce pas un désengagement que risque de produire,  paradoxalement, le discours de Stéphane Hessel ?

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