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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

racisme et antisemitisme

Gaza n’est pas Auschwitz

Publié le 9 Janvier 2024 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Dans une tribune publiée en novembre 2023 par le site AOC, l’anthropologue Didier Fassin avait relevé de « préoccupantes similitudes » entre un massacre suivi d’un génocide commis au début du XXe siècle en Afrique australe et les exactions perpétrées dans la guerre en cours entre le Hamas et Israël.

En 1904, en effet, une partie des Herero, ethnie majoritaire de la future Namibie, alors colonisée par les Allemands, se rebellent contre ces derniers, qui, après avoir rompu l’accord de protectorat, se sont approprié leurs meilleures terres et multiplient les brimades ; les Herero tuent 120 colons. Un massacre qui, en retour, provoquera l’extermination programmée des Herero, dont 80 % de la population a disparu entre 1904 et 1911.

Précisant que « comparaison n’est pas raison », Didier Fassin estimait qu’« il y a une responsabilité historique à prévenir ce qui pourrait devenir le premier génocide du XXIe siècle. Si celui des Herero s’était produit dans le silence du désert du Kalahari, la tragédie de Gaza se déroule sous les yeux du monde entier ».

Les réactions d’une partie de ses collègues universitaires furent cinglantes. Un collectif comptant, notamment, les sociologues Luc Boltanski et Danny Trom, et les philosophes Bruno Karsenti et Julia Christ considère que « Didier Fassin réactive un geste antisémite classique qui procède toujours par inversion : accuser les juifs d’être coupables de ce que l’on s’apprête ou que l’on fantasme de leur faire subir (…) Les civils palestiniens qui meurent à Gaza sous les bombardements israéliens méritent autant de compassion que ceux massacrés par le Hamas. Mais la leçon de symétrie humanitaire dispensée par Didier Fassin est surdéterminée par une grille de lecture qui ne cesse de nous signifier qu’une vie juive vaut bien moins que toute autre, et que la réalité de la violence antisémite doit s’effacer derrière le racisme et l’islamophobie ».

 

Cette comparaison perverse conduisait déjà Jankelevitch à écrire dans L’impresciptible que « l’antisionisme  est une  introuvable  aubaine,  car  il nous  donne  la  permission et même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est  la  permission  d’être  démocratiquement  antisémite.  Et  si  les  juifs  étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre : ils auraient mérité leur sort».

 

…un « raisonnement » pernicieux dénoncé dans le récent éditorial de Yonathan Arfi, Président du Crif, reproduit ci-dessous :

 

Non, Gaza n'est pas Auschwitz.

Parmi les accusations portées contre Israël, la comparaison entre le sort des Palestiniens aujourd'hui et celui des Juifs pendant la Shoah mais également l'accusation mensongère de « génocide » sont les plus infamantes.

La formule est connue : « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur de ce monde » écrivait Albert Camus en 1944. Alors que doit se tenir à la Cour Pénale Internationale cette semaine l'audience d'Israël face à l'Afrique du Sud, nombreux sont les acteurs du débat public qui ont recours à ces accusations fallacieuses, depuis le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dans ces derniers communiqués jusqu'au Président turc Erdogan comparant Netanyahou à Hitler, depuis les élus La France Insoumise (LFI) parlant de génocide jusqu'à certaines instances internationales…

Sans rien retirer par ailleurs à l'empathie légitime pour la souffrance de la population civile palestinienne, victime et otage de cette guerre déclenchée par le Hamas, ces accusations doivent être rejetées fermement.

Alors, à quoi correspond cette accusation de génocide ? Que signifie cette nazification d’Israël ? Apposer l’image du génocide sur la guerre à Gaza, vise à accoler l’étiquette de l’ultime infamie sur l’État d’Israël. Infondée matériellement et juridiquement, cette accusation vise en fait d'autres buts, politiques.

D'abord, cette inversion perverse transforme l'État refuge des victimes de la Shoah, en un État de bourreaux, et vise la perturbation des boussoles morales du public. Puis, en affublant ainsi symboliquement Israël du qualificatif de nazi, l’accusation soulage les consciences européennes de la culpabilité de la Shoah. Enfin, en maximisant la représentation de la culpabilité morale d’Israël, l’accusation minimise la gravité des exactions du Hamas le 7 octobre. Accuser Israël de génocide est au fond la stratégie la plus efficace pour passer sous silence les pogroms du 7 octobre et la pulsion exterminatrice qui a animé les terroristes du Hamas massacrant, violant et suppliciant des populations civiles israéliennes...

Ce renversement accusatoire n’est pas nouveau. La cause palestinienne a souvent utilisé le miroir de l’Histoire juive pour formuler son propre récit. Ainsi, le choix du mot Nakba (« catastrophe », en arabe) pour qualifier la date historique de l’indépendance de l’État d’Israël et les déplacements d’une partie des populations juives et arabes alors présentes, répond au sens du mot « Shoah » en hébreu.

Mais surtout, ce renversement accusatoire désinhibe toutes les violences. Accuser Israël de mener un génocide, d’être le nouvel État nazi, justifie les discours les plus radicaux, allant jusqu’à normaliser l’exigence du démantèlement d'Israël. Face à un État prétendument génocidaire, quelle violence ne serait pas légitime ?

Ne soyons pas naïfs : ceux qui ont recours à cette terminologie ne le font que pour accuser Israël. Leur indignation sélective épargne les exactions des grands régimes autoritaires du monde et occulte les victimes ouighours en Chine, rohingyas en Birmanie ou chrétiens du Nigéria... Comme bien entendu, ils n’ont jamais critiqué les opérations militaires occidentales contre Daech à Mossoul et Raqqa, ou contre Al Qaida en Afghanistan, malgré des victimes civiles là aussi malheureusement nombreuses.

Ce renversement accusatoire est donc bien une stigmatisation volontaire et calculée du seul État juif. Et, hélas, nous le savons, l'opprobre qu'elle suscite s’étendra mécaniquement sur les Juifs, où qu'ils vivent.

Nous, Français juifs, avons la responsabilité de dénoncer ces amalgames dangereux tant qu'il est encore temps.

Car non, Gaza n'est pas Auschwitz.

 

 

 

 

 

 

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Antisémitisme : « Comment désirer vivre quand l’idée de l’humanité, que chacun porte en soi, est dévastée ? »

Publié le 11 Novembre 2023 par Belinda Cannone dans Racisme et antisémitisme

Réanimer l’esprit des dreyfusards, c’est ce à quoi appelle, dans une tribune au « Monde », l’écrivaine Belinda Cannone, bouleversée par les massacres du Hamas le 7 octobre en Israël, par la guerre à Gaza et par la résurgence de l’antisémitisme qui s’ensuit.

« Comment désirer vivre quand l’idée de l’humanité, que chacun porte en soi, est dévastée», quand « le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde »(B. Brecht), quand le pogrom commis dans les kibboutz, à Be’eri, Kfar Aza, au festival Supernova a vu déferler le jouissance mortifère des barbares islamistes du Hamas et qu’ont été célébrées, comme le dit Claudel, « les monstrueuses orgies de la haine » ?

« Deux ans après le procès de Klaus Barbie pour crime contre l’humanité (1987), j’ai écrit mon premier roman, L’Adieu à Stefan Zweig (réédition chez Points, 2013), dans lequel j’avais mis en scène une narratrice, Marthe, qui s’interrogeait sur le suicide de l’écrivain le plus fameux d’Europe, en 1942, alors qu’il était à l’abri au Brésil. Je faisais l’hypothèse que plus qu’à sa dépression ce suicide, comme celui de plusieurs intellectuels et artistes de cette période, était lié à la blessure insupportable que constituait le spectacle de l’humanité avilie de 1942.

En effet, comment désirer vivre, se demandait Marthe, cinquante ans plus tard, quand l’idée de l’humanité, que chacun porte en soi, est dévastée ? Je suis entrée en littérature par cette première question, à partir de la Shoah, dont on ne parlait encore pas beaucoup dans ma jeunesse, et dont la découverte m’avait obligée à reconsidérer l’enseignement humaniste, beau mais naïf, de mon père. Non, la raison et le bon sens ne suffisaient pas à corriger le monde, il existait aussi un principe de haine, une pulsion de mort, à l’œuvre dans les sociétés, et les violences antisémites du milieu du XXe siècle en portaient témoignage. Il fallait partir de là pour comprendre ce que signifiait être humain sur la Terre.

Opposer l’intime et le personnel

Il en résultait cette seconde interrogation, capitale : même si, personnellement, je ne suis pas concernée, comment vivre lorsque je suis attaquée dans l’intime, ce creux de l’être où nichent l’image et le lien avec l’humanité ? Comment trouver la joie de vivre quand on se met à trembler devant les dérives de nos semblables, qu’ils deviennent justement trop dissemblables pour qu’on ne s’en sente pas affreusement étranger ? Chacun n’est pas seul, isolé dans son ego, il est relié, et il a besoin de souscrire à cette humanité de laquelle il fait partie, intimement.

Depuis trente ans, ces questions n’ont cessé de me tarauder, et je leur ai trouvé une formulation satisfaisante pour moi dans l’opposition que je propose entre l’intime et le personnel. Certaines dimensions de l’existence sociale ne me concernent pas personnellement (par exemple, je ne suis pas juive), mais elles m’affectent dans l’intime (dans mon humanité).

Depuis le pogrom du 7 octobre 2023, le plus grand et le plus barbare massacre de personnes juives depuis la Shoah, j’assiste avec effroi au retour en Occident du vieux démon, l’antisémitisme. Sous le couvert de l’antisionisme, nouvel oripeau d’une vieille haine, on refuse de considérer le piège dans lequel le Hamas a fait tomber Israël en provoquant, par un carnage insoutenable, sa réaction violente, ou par exemple en installant, semble-t-il, des infrastuctures militaires sous le grand hôpital Al-Shifa de Gaza.

J’ai honte de constater que l’émotion des pays occidentaux est très sélective, s’attachant quasi exclusivement au sort des Gazaouis. Je suis, moi aussi, bouleversée par ce qui leur arrive. Quel humaniste pourrait se résigner à voir des enfants mourir sous les bombes ? Pour autant, on ne peut pas se résoudre à des simplifications hasardeuses. Les abominations du 7 octobre, ce crime contre l’humanité, sont horrifiantes. Et je suis affolée par ce que raconte de nous l’inversion, cette ruse de la pensée haineuse, qui fait des premiers agressés, les Israéliens, des « nazis ». Ne voit-on pas des jeunes pleins de bons sentiments hisser, dans les manifestations propalestiniennes, des banderoles « Queers for Palestine » ? Ce serait drôle si ce n’était pas sinistre, quand on sait que les homosexuels sont pourchassés et tués à Gaza.

L’inaction des gens de bien

On raconte que quand on demandait au père d’Emmanuel Levinas, juif de Lituanie, pourquoi il avait choisi de s’installer en France, il répondait : parce que là vit un peuple qui s’est déchiré pour défendre un juif contre l’injustice.

A ce jour, plus de 1 100 actes antisémites ont été recensés en France depuis le 7 octobre. C’est pourquoi il est urgent de réanimer l’esprit des dreyfusards, urgent que nous, artistes, écrivains ou personnes publiques, proclamions notre horreur devant ce qui voudrait se rejouer. Nous savons que la seule chose qui permet au mal de triompher, c’est l’inaction des gens de bien. Agissons, ou au moins parlons, protestons. Que l’enténèbrement du monde ne passe pas par notre silence. Sans quoi aucune joie ne sera possible, car elle dépend de l’image de l’humanité que nous portons dans l’intime. Il est insupportable que les Français juifs se sentent isolés et abandonnés. Comme l’acteur Philippe Torreton l’a magnifiquement écrit, après « Je suis Charlie », il faut proclamer, d’une façon ou d’une autre, « Je suis juif ».

Belinda Cannone est écrivaine. Elle a notamment écrit « La Tentation de Pénélope. Une nouvelle voie pour le féminisme » (Pocket, 2019) et « Le Nouveau Nom de l’amour » (Stock, 2020).

 

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L’honneur perdu de la gauche française

Publié le 17 Octobre 2023 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Chacun en fait le triste constat : ce qui se passe en ce-moment au sein de la gauche française est grave. Depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël, Mélenchon et les siens (hormis quelques rares exceptions) se refusent à qualifier ces actes d’inhumanité. Encore récemment, la députée LFI Obono persiste en qualifiant le Hamas de « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation pour la libération de la Palestine », provoquant la saisine à son encontre du Procureur de la République par le ministre de l’Intérieur « pour apologie du terrorisme ».

La complaisance répugnante de la gauche radicale à l’égard de l’antisémitisme n’est pas nouvelle : souvenons-nous du soutien de ce parti à Jeremy Corbin, de l’accueil chaleureux réservé au rappeur antisémite Médine, de l’accusation portée contre le président du CRIF d’être d’extrême-droite, de sa constance à identifier le Hamas comme un mouvement de «résistance palestinienne ».

Pour cette « gauche », l’abject cynisme et la couardise n’ont décidément aucune limite.

 

Face à se spectacle affligeant, que font les coalisés de la Nupes et, en particulier, le Parti Socialiste ? Dans la suite de l’accord électoral qui l’a vue naître et qui s’est essentiellement traduit par une commune détestation du Président Macron, de jour en jour, leurs relations deviennent de plus en plus conflictuelles. Depuis le refus de leur partenaire LFI de reconnaître les exactions criminelles du Hamas, les désaccords grandissent, rendant inévitable une décision de dissolution, seule solution honorable leur permettant de retrouver un minimum de dignité.

Là où il s’agirait de trancher promptement,  ils s’interrogent, discutent, se tâtent, mégotent, tergiversent, finassent, louvoient. Quand vont-ils décider de s’affranchir de la tutelle des Insoumis ? Quand vont-ils cesser de se fourvoyer,  de se compromettre, de se dévoyer ? Quand vont-ils prendre acte de cette donnée et en tirer les conclusions : les racismes et l’antisémitisme d’extrême-droite et d’extrême-gauche s’additionnent ?

Quand vont-ils cesser de se déshonorer et retrouver un minimum de dignité ? Quid de l’honneur de la gauche ?

 

Par les effets de l’ordre alphabétique, le dictionnaire produit d’étonnantes rencontres. C’est ainsi que dans le Dictionnaire Historique de la Langue Française, le mot honneur voisine avec celui de honte.

Entre l’honneur et la honte se nouent des liens indissolubles puisque c’est de l’absence de honte que naît la perte de l’honneur. C’est ainsi que Lacan s’exprime quand il débute la dernière leçon de son Séminaire, L’envers de la psychanalyse, en juin 1970, en disant : « Il faut bien le dire, mourir de honte est un effet rarement obtenu ».

Autrement dit, la honte, spécialement en politique et en France, est aujourd’hui jetée aux oubliettes. Elle a disparu de certaines consciences même si l’inflation des demandes de pardon, les repentirs, les regrets, les excuses qui se manifestent depuis de nombreuses années pourrait laisser penser l’inverse.

Faudrait-il oublier la honte de la Shoah, celle du stalinisme, celle consécutive au génocide arménien, celle liée à l’agression de Poutine contre l’Ukraine, celle que fait subir Xi Jinping aux Ouïghours, etc, etc… ?

On mesure ce qui résulte de cet effacement de la honte : la progression de l’antisémitisme, le retour des intégrismes, l’impudence sans vergogne des radicaux et des extrémistes pour qui la loi du plus fort devient la seule ligne de conduite.

Avec l’évanouissement de la honte, force est de constater que l’honneur, en tant que « principe moral d’action qui porte une personne à avoir une conduite conforme (quant à la probité, à la vertu, au courage) à une norme sociale et qui lui permette de jouir de l’estime d’autrui et de garder le droit à sa dignité morale » (définition du dictionnaire), a déserté les rangs de la gauche.

 

Le mot honneur (longtemps au féminin) apparaît en ancien français à la fin du XIe siècle. En particulier dans la Chanson de Roland, avec les deux sens qu’il gardera longtemps : une terre qui assure à son possesseur pouvoir, prestige et richesse ; une qualité, une dignité propre à tel ou tel individu, exprimant et soutenant sa réputation.

En substance, l’honneur est une réputation, un patrimoine symbolique, presque spirituel, qu’au Moyen-Age, tout chevalier se devait d’accroître pour ensuite le transmettre à son lignage.

L’honneur est donc un bien moral qui se transmet après avoir été conquis dans la lutte et qui permet à la fois d’acquérir la considération d’autrui et de conserver sa propre respectabilité.

« L’honneur est la récompense de la vertu, accordée aux gens de bien » nous dit Aristote, mais plusieurs siècles plus tard, l’honneur devient, sous la plume de Montesquieu, une demande, celle des préférences et des distinctions et rien ne s’oppose alors à ce que le vicieux l’obtienne, du moment que les conséquences sont heureuses pour la collectivité.

 

Deux versants de l’honneur donc, l’un reposant sur une conception humaniste au service d’un sujet, l’autre sur une conception utilitariste au service du politique.

Ces deux versants de l’honneur correspondent à l’opposition entre l’honneur des anciens et celui des modernes. On dit que l’honneur régnait chez les Grecs et les Romains car il fallait, comme l’écrit Tacite, « mériter sa mort ».

Aujourd’hui, l’honneur des modernes consisterait plutôt à délivrer ces derniers des obligations de l’honneur. Il est triste de constater que tous ceux qui continuent à vouloir sauvegarder cet étrange objet politique qu’est la Nupes ont décidé de s’affranchir de ces obligations et de se satisfaire  des discours idéologiques qui confondent Français juifs et extrême-droite israélienne et « mélangent, comme l’indique Jacques Attali, trois concepts : antisémitisme, antisionisme et « antibibisme », c’est-à-dire la critique d’un gouvernement israélien de droite ».

Honte à eux qui participent, activement par leurs propos ou passivement par

 leur silence, à l’apologie du terrorisme. Si leur indécence voire leur jouissance nous est tant insupportable, c’est sans doute qu’elle franchit les bornes de la pudeur, qu’elle atteint notre pudeur …

Gageons donc que la disparition de la Nupes redonne un peu de force aux vertus de la honte et de l’honneur, celles que la gauche n’aurait jamais dû abandonner.

 

 

 

 

 

 

 

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Le wokisme ou la bêtise en action

Publié le 22 Août 2023 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

La Revue des Deux Mondes consacre son numéro de l’été au « Bêtisier du wokisme », un dossier drôle, impertinent, irrespectueux, provocateur, à l’envers de la mode woke, cette police du langage et de la pensée, dépourvue de toute forme d’humour, assénant des certitudes et s’érigeant en parangon de vertu.

Ce numéro réjouira tous ceux à qui le puritanisme, la pudibonderie, le dogmatisme donnent de l’urticaire !

Pour Jean-François Braunstein et Pascal Bruckner qui en sont les contempteurs parmi les plus qualifiés, le wokisme est l’alliance des Verdurin et des Trissotin.

« Dépourvu d’espérance, d’humour et de rigueur intellectuelle, le wokisme se sait sans avenir. Condamné à la médiocrité par ses prémisses, c’est devenu une secte animée par l’énergie du désespoir, qui n’attire que les conformistes et n’impressionne que les esprits faibles. Pour perdurer malgré son échec annoncé, elle a besoin de construire un récit universel dans lequel les mâles blancs hétérosexuels, institués malédiction de l’histoire du genre humain, portent la faute de tout. Elle aura le temps, avant de finir dans dix ou vingt ans, de faire des dégâts considérables. Ceux-ci affecteront le progrès scientifique, l’intelligence politique, la bienveillance et la politesse entre les personnes, la transmission du savoir, le sens commun, la pertinence des débats, et la paix sociale ».

 

Les propositions du wokisme sont fondées sur l’appartenance à une communauté et partent toujours de la domination raciale et sociale, celle du mâle blanc uniquement, qui détermine sa vision d’ensemble.

L’histoire ne fait pas partie de ses codes puisqu’elle est écrite par les dominants. Il faut donc l’effacer. Autant dire que c’est le degré zéro de l’héritage qui appelle à récrire les œuvres et à partir à l’assaut de notre patrimoine culturel.

Annuler l’Autre, exalter le Même, refuser de débattre : c’est leur tendance assumée.

Il est pathétique de voir la gauche radicale et identitaire adopter le wokisme comme gilet de sauvetage alors que le naufrage la guette.

 

Puisque les wokistes se prétendent « éveillés », JF Braunstein propose de les renommer « éveillistes » qui restitue l’aspect secte. P. Bruckner, quant à lui, choisit le terme de « vigilantistes », à l’image de l’ultra-gauche et d’Edwy Plenel qui se veut un « vigilant ».

Quelque terme qu’on utilise pour les nommer, une évidence s’impose : le wokisme est un snobisme d’élites blanches, de blancs riches animés par la haine des Blancs.

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Refuser la censure des religieux

Publié le 8 Octobre 2012 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Il y a un an, les intégristes catholiques s’en prenaient au Théâtre de la Ville en perturbant les représentations de Sur le concept du visage du fils de Dieu, pièce de Romeo Castellucci. Le groupuscule Renouveau français et l'Institut Civitas, deux mouvements proches de l'extrême droite "dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ" soutenaient ces manifestations de "jeunes catholiques", déjà à l'origine de la destruction, en avril 2011 à Avignon, d'une photographie de l'Américain Serrano, Piss Christ

Ces jours-ci, manifestations semblables lors du Printemps de Septembre de Toulouse où a été retirée l'oeuvre de l’artiste marocain Mounir Fatmi, après les protestations de musulmans blessés de voir des passants marcher sur des versets du Coran, projetés au sol.  Au coeur de la contestation : la projection de l'installation vidéo Technologia sur le sol du Pont-Neuf qui franchit la Garonne. Elle montre des cercles inspirés des "rotoreliefs" de Marcel Duchamp et tournoyant avec, à l'intérieur, des versets calligraphiés du Coran et des hadiths (paroles) du prophète Mahomet. 

Au même moment et comme elle le fait chaque année depuis 1999, l'Organisation de la conférence islamique (qui regroupe 57 pays) vient de lancer une offensive diplomatique pour demander la reconnaissance en droit international du crime de blasphème.

De leur côté, des dignitaires religieux chiites iraniens ont réactivé la fatwa prononcée il y plus de vingt ans contre Salman Rushdie, lors de la parution de son roman Les Versets sataniques et augmentée de 500 000 dollars alors que se développe une agitation, souvent violente, provoquée par le film américain anodin, jugé blasphématoire contre la personne du prophète Mahomet.

De même, au Pakistan, la loi antiblasphème est utilisée de façon répétée pour justifier les persécutions contre les minorités chrétiennes.

 

Dans une récente tribune publiée dans Le Monde, Rachid Azzouz, agrégé d'histoire-géographie (il est ou a été inspecteur d'académie, inspecteur pédagogique régional d'histoire géographie et instruction civique), l’écrivaine Mazarine Pingeot, Philippe-Gabriel Steg, professeur de cardiologie, le réalisateur Mohamed Ulad et l’avocate Isabelle Wekstein (elle opère en duo avec la journaliste Souad Belhaddad  dans des établissements scolaires difficiles  pour inculquer des rudiments de civisme aux collégiens) soulignent, à la suite d’autres, que, en invoquant le blasphème, ce qui se joue au travers de ces phénomènes simultanés est la liberté d’expression.  Isabelle Wekstein et Souad Belhaddad  interviennent là où l'insulte - raciste de préférence - est le mode d'expression le plus fréquent, là où les préjugés et les réflexes communautaristes remplacent la culture et le raisonnement. Exemple : Mohammed, en 5e au collège Barbara-Hendricks d'Orange (Vaucluse), est plié de rire. Souad Belhaddad  se plante devant lui et, tout sourire, lui lance : « Tu sais, Mohammed, quand je t'ai vu entrer dans la classe, je me suis dit, tiens, celui-là il a une tête de bougnoule, il a une gueule de sale Arabe ! » Le visage du garçon se fige, il se tasse sur sa chaise. La jeune femme poursuit d'un ton tranquille : « Tiens, "sale pute" ou "crevard de feuj", ça te fait rire. Mais quand on dit "sale Arabe", tu ne rigoles plus du tout ? Moi non plus, quand on m'a traitée de sale Arabe, cela ne m'a pas fait rire ».

 

Dans ce climat d’intolérance et de bêtise, toute politique d'apaisement ou de compromis avec les censeurs religieux constituerait une abdication. Comme le disait Churchill à l'attention du Premier ministre Chamberlain rentrant de Munich après avoir signé les accords avec Hitler : "Vous aviez le choix entre la paix et l'honneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."

Prétendre qu’il faut se montrer responsable, comme l’ont avancé récemment le premier Ministre et son ministre des Affaires Etrangères est un encouragement à se taire ou à faire le dos rond alors qu’il s’agit de dire bien haut et sans ambiguïté notre refus de la censure et notre volonté de défendre la liberté d’expression.

Comme l'écrit André Gide dans son Journal, "il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration".

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La Shoah et les musulmans britanniques

Publié le 20 Mars 2012 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Il y a quelques mois, je me suis trouvé être l’un des destinataires d’un mail faisant état d’articles antisémites et négationnistes émanant de médias du Hamas. La Shoah y était désignée comme étant une invention juive et la promotion y était faite du Protocole des Sages de Sion.

L’information émanait du MEMRI, Institut de Recherche des Medias du Moyen-Orient, qui informe ses lecteurs des rapports journalistiques rédigés en arabe, des éditoriaux et autres sources médiatiques à thèmes antisémites.

Dans le cadre de son projet de documentation sur l’antisémitisme, l’une des activités du MEMRI consiste à recenser les articles arabes antisémites parus ces dernières années puisque l'antisémitisme arabe est devenu l'un des principaux catalyseurs des incidents antisémites dans le monde. Le MEMRI émet donc régulièrement des dépêches. Récemment, l’une d’entre elles rendait compte d’un article publié le 15 février 2012, commémoration de l´Holocauste au Royaume-Uni.

En voici le contenu, paru dans le Times of London. Son auteur est le progressiste arabe Mehdi Hassan. Il réside au Royaume-Uni.

 

Aujourd´hui, pour la douzième fois consécutive, le Royaume-Uni commémore la Journée de l´Holocauste, la libération d´Auschwitz le 27 janvier 1945.

 

Il est douloureux pour moi de l´admettre, mais l´attitude de certains de mes frères musulmans face à l´Holocauste est source d´une grande honte pour moi. Au Moyen-Orient, la réfutation de l´Holocauste est un phénomène répandu, du président [Mahmoud Ahmadinejad] d´Iran aux chauffeurs de taxi du Caire. L´attitude des musulmans britanniques se caractérise non seulement pas la réfutation, mais aussi par l´indifférence.

 

Certains musulmans et mosquées participent à la Journée du Mémorial. En 2006, un sondage sur la 4ème chaîne a révélé qu'un quart des musulmans britanniques ne savaient pas ce qu'était l´Holocauste, et que seulement un sur trois y croyait. C´est scandaleux. Comment pouvons-nous prétendre être des musulmans européens dignes et intégrés, et ignorer un moment critique de l´histoire de ce continent ?

 

Nous, musulmans britanniques, préférons nous vautrer dans une victimisation déplacée. Seules ´nos´ tragédies importent : on n´entend parler que de la Palestine, de l´Irak, l´Afghanistan, du Cachemire et de la Tchétchénie. Mais aucune de ces [tragédies] ne dépasse la barbarie de l´Holocauste. Le génocide nazi ne peut être relativisé ou généralisé. Ce fut un massacre industriel sans précédent, un crime unique par son horreur dans l´histoire de l´humanité.

 

"La souffrance des Palestiniens ne se trouve pas amoindrie par la minimisation du meurtre des Juifs d´Europe"

 

Et pourtant, entre 2001 et 2007, le Conseil musulman de Grande-Bretagne a pris la décision moralement infâme (et stratégiquement stupide) de boycotter cette journée, demandant honteusement à ce qu´elle soit renommée ´Journée de commémoration du génocide´. En 2008, le boycott est tombé, mais uniquement pour être renouvelé en 2009, après l´attaque israélienne contre Gaza. Je ne céderai face à personne dans mon soutien à la cause palestinienne. Mais réfuter ou ignorer l´Holocauste ne fait pas avancer la cause. La souffrance des Palestiniens ne se trouve pas amoindrie par la minimisation du meurtre des Juifs d´Europe.

 

En participant à des événements commémoratifs, les musulmans britanniques pourront imiter notre prophète. Mahomet a une fois vu passer un cortège funèbre juif et s´est levé en signe de respect. Ses compagnons lui ont demandé pourquoi il s´était levé pour un Juif mort. ´N´est-ce pas un être humain ?´, a répondu le Prophète.

 

´Tout homme est ton frère´, a une fois déclaré le grand calife musulman Ali ibn Abu Talib, ´ton frère dans la foi ou ton frère humain´

 

L´islam n´est pas une confession exclusive ou séparatiste. Heureusement, depuis 2010, le Conseil a renoncé à son boycott. Mais la communauté musulmane britannique dans son ensemble doit faire beaucoup plus pour se souvenir de l´Holocauste, soit en accueillant la tenue d´événements dans nos mosquées, soit en envoyant nos enfants visiter Auschwitz.

 

´Tout homme est ton frère´, a une fois déclaré le grand calife musulman Ali ibn Abu Talib, ´ton frère dans la foi ou ton frère humain´. Le jour de la commémoration de l´Holocauste, tenons-nous aux côtés de nos frères juifs afin de faire ensemble le deuil de six millions d´âmes innocentes."

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