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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

L’honneur perdu de la gauche française

Publié le 17 Octobre 2023 par Jean Mirguet in Racisme et antisémitisme

Chacun en fait le triste constat : ce qui se passe en ce-moment au sein de la gauche française est grave. Depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël, Mélenchon et les siens (hormis quelques rares exceptions) se refusent à qualifier ces actes d’inhumanité. Encore récemment, la députée LFI Obono persiste en qualifiant le Hamas de « groupe politique islamiste » qui « résiste à une occupation pour la libération de la Palestine », provoquant la saisine à son encontre du Procureur de la République par le ministre de l’Intérieur « pour apologie du terrorisme ».

La complaisance répugnante de la gauche radicale à l’égard de l’antisémitisme n’est pas nouvelle : souvenons-nous du soutien de ce parti à Jeremy Corbin, de l’accueil chaleureux réservé au rappeur antisémite Médine, de l’accusation portée contre le président du CRIF d’être d’extrême-droite, de sa constance à identifier le Hamas comme un mouvement de «résistance palestinienne ».

Pour cette « gauche », l’abject cynisme et la couardise n’ont décidément aucune limite.

 

Face à se spectacle affligeant, que font les coalisés de la Nupes et, en particulier, le Parti Socialiste ? Dans la suite de l’accord électoral qui l’a vue naître et qui s’est essentiellement traduit par une commune détestation du Président Macron, de jour en jour, leurs relations deviennent de plus en plus conflictuelles. Depuis le refus de leur partenaire LFI de reconnaître les exactions criminelles du Hamas, les désaccords grandissent, rendant inévitable une décision de dissolution, seule solution honorable leur permettant de retrouver un minimum de dignité.

Là où il s’agirait de trancher promptement,  ils s’interrogent, discutent, se tâtent, mégotent, tergiversent, finassent, louvoient. Quand vont-ils décider de s’affranchir de la tutelle des Insoumis ? Quand vont-ils cesser de se fourvoyer,  de se compromettre, de se dévoyer ? Quand vont-ils prendre acte de cette donnée et en tirer les conclusions : les racismes et l’antisémitisme d’extrême-droite et d’extrême-gauche s’additionnent ?

Quand vont-ils cesser de se déshonorer et retrouver un minimum de dignité ? Quid de l’honneur de la gauche ?

 

Par les effets de l’ordre alphabétique, le dictionnaire produit d’étonnantes rencontres. C’est ainsi que dans le Dictionnaire Historique de la Langue Française, le mot honneur voisine avec celui de honte.

Entre l’honneur et la honte se nouent des liens indissolubles puisque c’est de l’absence de honte que naît la perte de l’honneur. C’est ainsi que Lacan s’exprime quand il débute la dernière leçon de son Séminaire, L’envers de la psychanalyse, en juin 1970, en disant : « Il faut bien le dire, mourir de honte est un effet rarement obtenu ».

Autrement dit, la honte, spécialement en politique et en France, est aujourd’hui jetée aux oubliettes. Elle a disparu de certaines consciences même si l’inflation des demandes de pardon, les repentirs, les regrets, les excuses qui se manifestent depuis de nombreuses années pourrait laisser penser l’inverse.

Faudrait-il oublier la honte de la Shoah, celle du stalinisme, celle consécutive au génocide arménien, celle liée à l’agression de Poutine contre l’Ukraine, celle que fait subir Xi Jinping aux Ouïghours, etc, etc… ?

On mesure ce qui résulte de cet effacement de la honte : la progression de l’antisémitisme, le retour des intégrismes, l’impudence sans vergogne des radicaux et des extrémistes pour qui la loi du plus fort devient la seule ligne de conduite.

Avec l’évanouissement de la honte, force est de constater que l’honneur, en tant que « principe moral d’action qui porte une personne à avoir une conduite conforme (quant à la probité, à la vertu, au courage) à une norme sociale et qui lui permette de jouir de l’estime d’autrui et de garder le droit à sa dignité morale » (définition du dictionnaire), a déserté les rangs de la gauche.

 

Le mot honneur (longtemps au féminin) apparaît en ancien français à la fin du XIe siècle. En particulier dans la Chanson de Roland, avec les deux sens qu’il gardera longtemps : une terre qui assure à son possesseur pouvoir, prestige et richesse ; une qualité, une dignité propre à tel ou tel individu, exprimant et soutenant sa réputation.

En substance, l’honneur est une réputation, un patrimoine symbolique, presque spirituel, qu’au Moyen-Age, tout chevalier se devait d’accroître pour ensuite le transmettre à son lignage.

L’honneur est donc un bien moral qui se transmet après avoir été conquis dans la lutte et qui permet à la fois d’acquérir la considération d’autrui et de conserver sa propre respectabilité.

« L’honneur est la récompense de la vertu, accordée aux gens de bien » nous dit Aristote, mais plusieurs siècles plus tard, l’honneur devient, sous la plume de Montesquieu, une demande, celle des préférences et des distinctions et rien ne s’oppose alors à ce que le vicieux l’obtienne, du moment que les conséquences sont heureuses pour la collectivité.

 

Deux versants de l’honneur donc, l’un reposant sur une conception humaniste au service d’un sujet, l’autre sur une conception utilitariste au service du politique.

Ces deux versants de l’honneur correspondent à l’opposition entre l’honneur des anciens et celui des modernes. On dit que l’honneur régnait chez les Grecs et les Romains car il fallait, comme l’écrit Tacite, « mériter sa mort ».

Aujourd’hui, l’honneur des modernes consisterait plutôt à délivrer ces derniers des obligations de l’honneur. Il est triste de constater que tous ceux qui continuent à vouloir sauvegarder cet étrange objet politique qu’est la Nupes ont décidé de s’affranchir de ces obligations et de se satisfaire  des discours idéologiques qui confondent Français juifs et extrême-droite israélienne et « mélangent, comme l’indique Jacques Attali, trois concepts : antisémitisme, antisionisme et « antibibisme », c’est-à-dire la critique d’un gouvernement israélien de droite ».

Honte à eux qui participent, activement par leurs propos ou passivement par

 leur silence, à l’apologie du terrorisme. Si leur indécence voire leur jouissance nous est tant insupportable, c’est sans doute qu’elle franchit les bornes de la pudeur, qu’elle atteint notre pudeur …

Gageons donc que la disparition de la Nupes redonne un peu de force aux vertus de la honte et de l’honneur, celles que la gauche n’aurait jamais dû abandonner.

 

 

 

 

 

 

 

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