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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Leon Lewis, l'homme qui a vaincu les nazis à Hollywood.

Publié le 22 Mai 2023 par Jean Mirguet dans Cinéma

Dans une Amérique affaiblie par la crise de 1929, poreuse aux idées fascistes et antisémites, l’arrivée d’Hitler au pouvoir a galvanisé les groupuscules nazis américains. Ceux-ci n’ont qu’un but : faire vaciller la démocratie américaine. Leur moyen d’y parvenir ? Hollywood, la plus grande machine de propagande au monde. Un homme, pourtant, va s’employer à déjouer leurs plans : Leon Lewis. Huit ans durant, à la tête d’un réseau d’espions amateurs, cet avocat juif sera prêt à tout pour sauver son pays de la menace nazie.

Ce documentaire de 52 minutes, inédit, écrit, réalisé et dessiné par Olivier Mirguet sera diffusé dimanche prochain 28 mai, à 22h50 sur France 5

Une production Ex Nihilo, avec la participation de France Télévisions, année 2022.

Merci à tous ceux qui ont accompagné ce projet longue durée : David Coujard Emmanuel Migeot Louis Castro Flo Platarets JB Equal Brothers Yann Mallard Matteo Locasciulli Stéphanie Garnes Bruno Masi Steve Ross Guillaume Bérard et toute l'équipe de Agat films - Ex nihilo

 

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Un bruit de casseroles

Publié le 9 Mai 2023 par Jean Mirguet dans Politique

Peut-être déplorez-vous comme moi la manière dont une majorité de médias relaie sans vergogne les slogans de l’opposition, que ce soit celle de la gauche radicale ou celle de la droite populiste et réactionnaire : les Français sont « en colère », « révoltés » par un « déni de démocratie ». La légitimité des élus est opposée à celle de la foule, de la « rue », du « peuple », pendant que des manifestants font du bruit en tapant sur du vide, avec le soutien de casseroles devenues l’emblème de la gauche. A la radio, à la télévision sont privilégiés les témoignages de personnes hostiles à la réforme. Quant aux violences en marge des manifs, elles sont essentiellement policières.

Il devient très compliqué de dénicher une presse qui sache résister aux sirènes et aux délires idéologiques. Depuis maintenant plusieurs années, Le Monde a abandonné son exigence éditoriale de centre gauche ; quant au service public, il est bien en peine de proposer une information sans filtre idéologique. À l’objectif d’informer s’est substitué celui de racoler et de faire le buzz.    

Pourtant, nombreux sont les citoyens qui aspirent à une information les éclairant sans les manipuler, qui attendent des réflexions croisées, plurielles, rendant compte de la complexité du monde, qui souhaitent des politiques éditoriales respectueuses des grands principes de la démocratie, de la République, du processus européen.

Plutôt que d’évoquer la « crise de la démocratie », expression devenue en quelques semaines le poncif le mieux partagé dans notre pays, ne serait-il pas plus juste d’invoquer une crise de la médiacratie donnant naissance à son rejeton, la médiocratie ?

Infantilisée par les radicalités, l’opinion se laisse de plus en plus contaminée par ce que l’écrivain et journaliste Kamel Daoud appelle la « puérilocratie », « ce jeu dangereux des médias se cherchant une parenté amoureuse avec la casserolade »

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A rebours du bavardage de maints commentateurs reconvertis en directeurs de conscience, je propose à votre lecture cet éditorial de Luc de Barochez, rédacteur en chef du service Monde du Point. Il l’a intitulé « Le misérabilisme performatif français ».

La performativité, c’est quand dire, c’est faire, sport auquel se livrent les grognons et les défaitistes qui, joignant le geste à la parole, décrédibilisent toute action réformatrice en s’évertuant à tenir des discours catastrophistes sur le pays.

 

Le « misérabilisme performatif » français

Par Luc de Barochez

Le Point 09/05/2023

 Le peuple le plus pessimiste au monde s’abuse sur l’état réel du pays. La fin officielle du Covid vient d’en donner un nouvel exemple.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de proclamer, le 5 mai, la fin de l'état d'urgence sanitaire liée au Covid-19. Mesure-t-on bien la rapidité avec laquelle la pandémie, grâce au vaccin, a été endiguée ? Les Français reviennent de loin. En 2020, ils étaient le peuple le plus pessimiste au monde sur l'efficacité attendue du sérum, selon une étude internationale alors réalisée par Ipsos. Seule une minorité (48 %) pensait qu'il finirait par vaincre le virus. Ils n'étaient même que 16 % à juger probable un retour à la normale après le Covid !

Il faut se souvenir de ces données pour mesurer la profondeur de la dépression française, ce mélange de mélancolie et d'autodénigrement identifié de longue date mais qui ne cesse de s'aggraver. Ce printemps, quelque 72 % des personnes interrogées par l'Ifop pour le JDD se disent pessimistes sur l'avenir de la France, un taux en progression spectaculaire de 16 points par rapport à 2021.

Un maître de conférences à Sciences Po Paris, Alexander Hurst, vient de raconter dans The Guardian une expérience éclairante à laquelle il s'est livré avec ses étudiants. Il leur a présenté un graphique indiquant le niveau d'inégalités des pays développés, en omettant leurs noms. Les élèves ont identifié sans difficulté les Etats-Unis, en tête des riches démocraties les plus inégalitaires. Ils se sont en revanche trompés sur la France, qu'ils ont positionnée près de l'Amérique alors qu'elle figure en réalité dans le bas du tableau, non loin des pays scandinaves.

De fait, l'Hexagone est plus égalitaire que l'Allemagne, la Suisse ou l'Italie. Le coefficient de Gini, qui mesure le taux d'inégalité, en fait foi. Il est même meilleur aujourd'hui en France qu'il ne l'était pendant les Trente Glorieuses, cette période à croissance économique forte (1945-1973) pendant laquelle le pays était plus sûr de lui, mais moins bien loti et plus inégalitaire qu'aujourd'hui. L'enseignant de Sciences Po en tire une leçon capitale : un « incroyable décalage » sépare la réalité du discours hyperbolique et catastrophiste que la France tient sur elle-même. Ce « misérabilisme performatif », selon son expression, alimente la nostalgie du « c'était mieux avant » qui fait le jeu des extrêmes à droite comme à gauche et décrédibilise l'action réformatrice du politique.

Performance environnementale

La France n'est certes pas un paradis ! Sa dette publique, qui ne cesse de grossir malgré les prélèvements obligatoires les plus lourds d'Europe, en témoigne. L'état de son système éducatif, aussi. Mais elle n'est pas non plus l'enfer que beaucoup de ses habitants imaginent. Septième puissance économique mondiale, elle est un pays où, même après la réforme, les travailleurs pourront partir à la retraite plus tôt que n'importe où ailleurs en Europe, où le taux de fécondité est le plus élevé du continent, où l'espérance de vie à la naissance figure parmi les meilleures, où le chômage structurel qui perdure depuis un demi-siècle est en voie d'être vaincu, où l'écart des salaires entre hommes et femmes est parmi les plus bas et continue à diminuer.

La performance environnementale de la France, selon l'indice calculé par l'université américaine Yale, la place au 12e rang mondial, devant – excusez du peu – le Japon, l'Italie, l'Allemagne ou les Etats-Unis. Elle est l'un des pays qui ont le mieux négocié leur transition numérique et où le coût de l'Internet mobile est le plus bas. Elle est, pour la troisième année consécutive, le pays européen qui attire le plus d'investissements étrangers. Elle est même, selon le blog spécialisé Fipaddict, le seul grand pays européen où le pouvoir d'achat a augmenté pendant la crise sanitaire, pour s'établir fin 2022 à 1,5 % au-dessus de son niveau de 2019. Bref, une puissance moyenne qui n'a pas à rougir.

D'où vient alors ce déficit de bonheur qui ne cesse d'assombrir le moral des Gaulois réfractaires ? Il y a quarante-cinq ans, l'économiste Jean Fourastié, l'auteur des Trente Glorieuses (Fayard, 1979), pointait déjà les dépenses sociales élevées mais inefficaces, l'incapacité à organiser un dialogue social digne de ce nom, la rigidité du droit du travail, la grande fragilité du commerce extérieur. Le jugement reste valable. On pourrait y ajouter l'angoisse devant une mondialisation qu'on peine à appréhender, la frustration devant un État nounou de plus en plus impotent, et surtout la crainte du déclassement, qui se nourrit justement de la conscience de sa situation privilégiée. C'est quand on est nanti qu'on a le plus а perdre.

 

 

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