Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.
Publié le 9 Août 2018 par Jean Mirguet dans Psychiatrie
Publié le 7 Août 2018 par Jean Mirguet dans Politique
Après une deuxième quinzaine de juillet animée par le feuilleton Benalla, alimenté en particulier par le journal Le Monde, ce-dernier paraît retrouver un peu de hauteur de vue et ses esprits.
En effet, après 15 jours durant lesquels ce quotidien a entretenu le suspens et l’hystérie autour de « l’affaire Benalla », n’hésitant pas à se transformer en journal d’opinion, - orienté par définition -, et publiant des articles le plus souvent à charge contre Macron et la « Macronie », il paraît, depuis le début de ce mois, revenir à un certain pluralisme d’opinions.
Que peut-on retenir de ce qui s’est passé ? Cette piteuse histoire qui commence déjà à se dégonfler ne va-t-elle pas faire tout simplement pschitt ?
Lors du dernier week-end de juillet, le quotidien publiait une interview de Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques à Paris II- Panthéon – Assas et, sur la même page, une tribune du linguiste Raffaele Simone.
Si P. Raynaud expliquait qu’il n’y avait pas d’affaire d’Etat puisque ce dernier n’avait pas commis d’acte délictueux, R. Simone jugeait que « le président ne donne pas l’impression d’aimer le peuple » (sic !).
Deux manières diamétralement opposées de diagnostiquer cet épisode, l’une s’appuyant sur une argumentation objective, lucide, débarrassée de la bouillabaisse émotionnelle qui nous a été infligée quotidiennement depuis le 18 juillet, l’autre naviguant dans les eaux troubles de la subjectivité et n’hésitant pas à colporter des inexactitudes et des jugements approximatifs ôtant tout crédit au propos.
Force est de reconnaître que cette faute regrettable (on attend d’ailleurs que les tribunaux la prouvent) d’un chargé de mission est arrivée à un moment béni pour les antiMacron inconditionnels puisque, en ce début d’été, tout paraissait sourire à Macron, spécialement au lendemain de la victoire des Bleus. On vit alors les Mélenchon, Le Pen, Faure, Ciotti prêts à s’unir dans une pathétique célébration du mariage de la carpe et du lapin, alliance de circonstance de ceux qui n’ont toujours pas avalé les résultats de l’élection présidentielle 2017. Logiquement, le 31 juillet, les motions de censure déposées contre le gouvernement étaient rejetées, en particulier celle du PS-LFI-PC (comme quoi, ainsi que l’avait ironisé Raymond Barre en son temps, l’union de la gauche ne peut pas être qu’une union parlementaire et celle de cette fin juillet n’était qu’un leurre).
Pour P. Raynaud, la dramatisation médiatique s’est révélée excessive, « le ton inimitable de componction, de sérieux et de moralisme du Monde donnant à cette affaire un goût de moraline », selon le terme inventé par Nietzsche pour désigner par dérision la morale bien-pensante.
Grâce à la moraline, produit pharmaceutique imaginaire permettant de donner une bonne moralité,ceux qui l’ont absorbée ont pu croire qu’était entrain de se réaliser la convergence des luttes, tant souhaitée par la CGT et LFI !
Comment déchiffrer la fonction de ce vacarme ?
Emmanuel Macron l’explicite dans sa Révolution : « Le système s’est organisé pour protéger l’ordre existant. Même ceux qui le dénoncent se satisfont de leur dénonciation, ne souhaitant pas réellement le perturber. Ce qui existe – et qui pourtant ne satisfait personne – est tenu, sans examen, pour meilleur que ce qui peut advenir. C’est une France des situations acquises et des rentes garanties, statutaires, financières, intellectuelles (…) Nous devons changer de logique profonde et refonder nos manières de penser, d’agir et de progresser».
Presse et milieux politiques confondus ont décidé de faire payer cher à ce jeune Président sa prétention à transgresser les codes et les usages, à bousculer les habitus confortables.
« Vous n’avez pas voulu que nous continuions à vous faire la loi, mais nous allons continuer à vous faire la morale », tel semble être le message, écrit Brice Couturier dans Macron, un président philosophe.
Nul doute que certains, parmi les medias et les hommes politiques, ont été (et le sont toujours) au bord de demander la démission du Président de la République puisque pour eux, il ne fait pas de doute que ce médiocre fait divers Benalla était une affaire d’Etat voire un Watergate à la française (dixit Mélenchon qui ne craint jamais l’outrance !).
Le moment venu, les juges diront si le collaborateur de Macron est fautif et quelle peine il encourt mais on aurait souhaité que, lors de ce feuilleton de juillet, presse (Le Monde plus particulièrement) et politiques confondus gardent un peu plus la tête froide et n’entonnent pas le couplet populiste de la République au bord du gouffre !
Comme l’écrit Georges Kiejman dans une tribune du Monde, la seule question qui vaille est celle de se demander si la République était menacée par le dérapage de M. Benalla et s’il n’y a rien à dire sur les vrais sujets (Brexit, populismes, famine en Afrique, réchauffement climatique, migrants, etc., etc.), au point d’en arriver aux déclarations calamiteuses autour de cet employé de la Présidence, en espérant atteindre et salir le Président de la République.
Que l’on cesse d’évoquer le Watergate, les « barbouzes » (si bien tolérées du temps de De Gaulle, à l’époque du SAC.), écrit l’avocat, il y a tant de sujets sur lesquels on aimerait entendre des opposants de qualité et de bonne foi tenir des propos constructifs, plutôt que sombrer dans le marais politicien de l’Hexagone.
En cette période caniculaire qui ne nous annonce rien de bon pour les prochaines décennies et qui échauffe les esprits, il serait temps de retrouver un peu de dignité et de cesser de souiller le mot précieux de République.
«Français, encore un effort si vous voulez être Républicain».