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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Vous avez dit conservateur ?

Publié le 23 Janvier 2022 par Jean Mirguet dans Politique

Comment se nommer politiquement lorsqu’on est hostile à toute forme de violence, convaincu qu’il faut protéger l’essentiel de ce qui constitue notre nation : l’ordre républicain, la laïcité, la langue, la culture, les Lumières, la richesse de notre héritage historique, littéraire, philosophique sans parler des droits chèrement acquis que sont l’égalité hommes-femmes, le droit à l’avortement, le droit au blasphème, etc… ?

Lorsque nous avons la conviction que ces valeurs doivent être défendues avec fermeté sous peine de disparaître dans la soumission aux idéologies à la mode, la paresse et la lâcheté de la pensée politique, devenons-nous des néo-conservateurs , nous qui, autrefois, nous réclamions de la Gauche ?

La question mérite d’être posée lorsqu’on découvre sous la plume de tel ou tel éditorialiste qu’être en désaccord avec la culture woke ou la cancel culture est l’expression d’une pensée de droite voire d’extrême-droite : des publications comme Le Monde ou Télérama sont de plus en plus coutumières de ce type de jugements, soit sous-entendus ou allusifs soit clairement affirmés. Le wokisme, le racialisme, l’intersectionnalité ont le vent en poupe.  

L’époque n’est plus où ce qui fut la Gauche républicaine et laïque défendait avec force l’héritage des Lumières. Aujourd’hui, une autre gauche, plus radicale et proche des extrêmes, irréconciliable avec la précédente comme l’avait diagnostiqué Manuel Valls, a « abandonné la nation aux nationalistes, l’intégration aux xénophobes et la laïcité aux communautaristes » (Jean Daniel, Réconcilier la France) et promeut les identités sexuelles, ethniques et religieuses.

Aujourd’hui, étant donné les abîmes dans lesquels elle s’est laissée entraîner, cette gauche est devenue minoritaire dans l’opinion publique, mais se montre surtout présente, comme l’analyse le philosophe et historien Marcel Gauchet dans une interview donnée à la Revue des Deux Mondes de février, dans le monde universitaire et culturel où elle semble procéder surtout de la persistance de la toute-puissance infantile encouragée par l’éducation actuelle.

Etre rangé parmi les néo-conservateurs relève-t-il d’une droitisation de la société, comme on l’entend de plus en plus souvent dire ? Ce catalogage signifie-t-il que la question de l’identité culturelle y est centrale ?

Pour Marcel Gauchet, l’identité culturelle relève de l’héritage de l’histoire nationale et ce qu’il appelle « la sensibilité conservatrice » se retrouve dans le rejet de la culpabilisation du passé national, dans le refus de la repentance. Il en déduit que cela a provoqué le basculement des gens de gauche vers la droite qui ne supportent pas le procès anachronique permanent fait au passé, d’où son diagnostic de droitisation de la société.

Il rejoint ainsi les propos que je dénonce plus haut : la caricature consistant à faire des gens de gauche old style (sic !) des conservateurs de droite voire d’extrême-droite, comme s’il fallait absolument être enfermé dans l’une ou l’autre des grandes familles politiques (ce qui suppose qu’on continue, comme lui, à les concevoir comme réelles  puisqu’il juge que le clivage droite-gauche n’est pas mort même s’il s’est brouillé et complexifié).

Selon Franz-Olivier Giesbert dans son tome 1, Le Sursaut, de l’Histoire intime de la Ve République, De Gaulle aurait confié à son mémorialiste Alain Peyrefitte que « la droite, c’est routinier, ça ne veut rien changer, ça ne comprend rien. Seulement, on l’entend moins. Elle est moins infiltrée dans la presse et dans l’université. Elle est moins éloquente. Elle est plus renfermée (…). Tandis que la gauche, c’est bavard, ça a des couleurs. Ça fait des partis, ça fait des conférences, ça fait des pétitions, ça fait des sommations, ça se prétend du talent. C’est une chose à quoi la droite ne prétend pas. On a un peu de honte d’être de droite, tandis qu’on se pavane d’être de gauche » (voir, par exemple, les interventions ridicules de Jadot, Aubry de gauche et Bardella d’extrême- droite, au Parlement Européen à Strasbourg ce mercredi, rappelés à l’ordre par La Présidente du PE, après avoir sombrés, toute honte bue, dans la médiocre politique politicienne nationale).

De Gaulle tenait ces propos en juillet 1964 … prés de 58 ans plus tard, le tableau s’est inversé : on parade à droite et bientôt on rasera les murs à gauche. Mais surtout, on en vient à avoir honte d’être de gauche  et non pas … d’être devenus des conservateurs ! 

Qu’on se le tienne pour dit : les hypothétiques néo-conservateurs ne sont pas prêts de rentrer dans le rang !

 

 

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Leon Lewis, l'homme qui a vaincu les nazis à Hollywood

Publié le 18 Janvier 2022 par Jean Mirguet dans Cinéma

Le film d’Olivier Mirguet, Leon Lewis, l'homme qui a vaincu les nazis à Hollywood, a été sélectionné au Festival TV de Luchon. Il sera en compétition du 7 au 13 février 2022.

Réalisé et dessiné par Olivier Mirguet, produit par David Coujard d'Agat films - Ex nihilo, écrit avec Bruno Masi, monté par JB Equal Brothers, supervisé par Flo Platarets. Musique Matteo Locasciulli et Stefano Pallotti. Animation Yann Mallard. Mixage Romain Colonna d'istria. Production Stephanie Garnes et doc Guillaume Bérard. Et raconté par Julie Sicard de la Comédie-Française. Bravo !

A voir prochainement sur la 5.

 

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