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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Le Winter Jam Festival au service de l'évangélisation

Publié le 27 Décembre 2015 par Jean Mirguet

Le Winter Jam Tour est le plus grand festival de musique chrétienne aux Etats Unis. Il existe depuis 20 ans et affiche 50 dates et plus de 500 000 spectateurs chaque année à travers le pays, plus que n'importe quelle rock star. Rap, Folk, Rock ou Country toutes les musiques sont représentées. Un bon moyen d'attirer de nouveaux fidèles. Le rock chrétien au service de l'évangélisation… à 10 $ l'entrée, c'est un succès.

Un sujet d’Olivier Mirguet pour Arte Journal

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Cinéma : un Mustang au galop

Publié le 18 Décembre 2015 par Jean Mirguet dans Cinéma

Mustang est un film dramatique germano-franco-turc réalisé par Deniz Gamze Ergüven. Il raconte l’histoire de cinq soeurs turques défendant leur liberté contre l’emprise d’un père étouffant. Il est en concurrence avec 80 films en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger. A quelques jours de l’annonce officielle de la pré-sélection, toute l'équipe du film s’est lancée dans la course aux Oscars, qui seront remis lors de la 88e cérémonie le 28 février prochain.

Un sujet d’Olivier Mirguet pour Arte Journal

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Le Fils de Saul

Publié le 16 Décembre 2015 par Jean Mirguet dans Cinéma

2016 sera-t-elle l'année de la consécration pour Le Fils de Saul, film du hongrois Laszlo Nemes ? Déjà nominé pour les Golden Globes, il a été short-listé pour les Oscars, dans la catégorie du meilleur film étranger. Dans la lignée de Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah, le film hongrois pourrait bien surprendre Hollywood.

Un sujet d’Olivier Mirguet pour Arte Journal.

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Il n’y a pas de causes sociales au djihadisme, par Paul Berman, Le Monde

Publié le 1 Décembre 2015 par Jean Mirguet

Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de le lire, je partage cet article de Paul Berman, paru dans Le Monde du 30 novembre. Il constitue un prolongement de mon récent article, "Un mal radical ».

Nous, les modernes, croyons en la doctrine des « causes profondes », selon laquelle de fortes pressions sociales sont toujours à l’origine de la rage meurtrière, mais les poètes de l’Antiquité ne voyaient pas les choses de cette manière. Ils considéraient la rage meurtrière comme un trait constant de la nature humaine. Ils pensaient, comme l’a écrit André Glucksmann, que « le principe destructeur nous habite ». Ou alors ils attribuaient cette fureur à des dieux irascibles dont les motivations, emportées et fantasques, ne nécessitaient aucune explication.

Pour les poètes, n’importe qui était susceptible de plonger dans une rage meurtrière – un peuple vaincu, une femme blessée ou une victime des dieux. C’est la rage elle-même qui suscita leur attention, non pas ses origines ou ses causes supposées. Ils consacrèrent toute leur science, poétique, à l’examen de la fureur : à ses rythmes, ses mètres, son vocabulaire, ses nuances, ses degrés d’intensité. L’Enéide est aussi bien une traversée de la Méditerranée qu’un parcours à travers les différentes mutations de cette rage.

Nous, les modernes, préférons néanmoins les chercheurs en sciences sociales aux poètes, parce que nous pensons fondamentalement que le monde est soumis à une certaine logique impersonnelle de cause à effet, que les sciences sociales précisément nous révèlent. Nous sommes convaincus que, si un mouvement terroriste se déchaîne à travers le monde, sa cause est nécessairement à chercher dans un principe de destruction extérieur aux terroristes eux-mêmes.

IL Y A AUTANT DE « CAUSES PROFONDES » DU TERRORISME ISLAMISTE QU’IL Y A D’EXPERTS EN SCIENCES SOCIALES. ET ELLES DISENT TOUT ET SON CONTRAIRE

Nous nous tournons alors vers les spécialistes en sciences sociales qui, apparemment, n’ont aucune difficulté à en cerner la cause : c’est une question d’identité professionnelle. Que nous disent les économistes ? Que la folie terroriste a bien une cause profonde : la pauvreté. Et les géographes ? Que c’est l’aridification du Moyen-Orient qui a provoqué cette vague de terrorisme. Il y a autant de « causes profondes » du terrorisme islamiste qu’il y a d’experts en sciences sociales. Et elles disent tout et son contraire.

On nous explique que la cause profonde du djihad islamiste est l’invasion et l’occupation militaire de puissances étrangères, comme en Tchétchénie et en Palestine, alors même qu’à Rakka, et ailleurs qu’en Syrie, ce sont les djihadistes eux-mêmes qui représentent des occupants étrangers. On nous dit que le chaos qui suivit le renversement des dictateurs ayant sévi pendant des décennies est à l’origine des mouvements terroristes, comme en Libye, alors que, dans le cas des terroristes marocains, c’est la frustration suscitée par l’impossibilité de renverser la monarchie qui est en cause. On nous explique que c’est le despotisme du général Sissi qui a entraîné l’explosion du terrorisme en Egypte, mais que c’est la fin du despotisme de Ben Ali qui en est la cause en Tunisie. On nous dit que le sionisme est la cause du terrorisme islamiste partout dans le monde, mais, en Syrie, les leaders mondiaux de l’antisionisme nous ont fait comprendre que, au final, ils préféraient se massacrer entre eux.

Contradictoires et fantasques

Avant 2011, on considérait que la présence américaine en Irak était à l’origine du terrorisme qui sévissait dans une partie du monde ; après 2011, c’est le retrait américain qui en est devenu responsable. Les inégalités économiques expliquent tout... comme les contrariétés de la vie dans les républiques égalitaires scandinaves. Le chômage explique tout ? Pourtant des terroristes surgissent au Royaume-Uni, où le taux de chômage est remarquablement bas. Le manque d’éducation explique tout ? Pourtant l’Etat islamique est dirigé par un homme diplômé en sciences islamiques, qui est à la tête du réseau de propagande sur Internet et sur les médias sociaux le plus sophistiqué du monde.

On nous dit que l’islamophobie est la cause du terrorisme islamiste – alors que l’immense majorité des terroristes islamistes viennent de pays musulmans où l’islamophobie n’est vraiment pas le problème. Ailleurs dans le monde, en France, par exemple, c’est l’exigence intolérante faite aux immigrés de se conformer à la culture française qui aurait fait naître le terrorisme islamiste ; au Royaume-Uni, ce serait au contraire le refus multiculturaliste d’exiger d’eux une adaptation.

IL SE POURRAIT QUE CE SOIT LA DOCTRINE DES CAUSES PROFONDES ELLE-MÊME, TELLE QU’ELLE SE TROUVE DÉVELOPPÉE EN SCIENCES SOCIALES, QUI ÉCHOUE TOTALEMENT À CERNER LES CAUSES DU TERRORISME

Les causes profondes du terrorisme islamiste se révèlent, au bout du compte, aussi nombreuses que les divinités antiques, et aussi contradictoires et fantasques qu’elles. Il se pourrait que ce soit la doctrine des causes profondes elle-même, telle qu’elle se trouve développée en sciences sociales, qui échoue totalement à cerner les causes du terrorisme.

Les investigations des sciences sociales réussissent à peine à identifier ce que Glucksmann appelait des « circonstances favorables », qu’il serait certainement crucial de connaître, si seulement nous parvenions à distinguer les interprétations valides des interprétations fallacieuses. Et pourtant, même la synthèse la plus pertinente et la mieux renseignée des circonstances favorables ne pourra jamais nous amener au cœur du sujet, à savoir la rage.

Doctrine antipoétique

C’est pourquoi la doctrine des causes profondes est profondément erronée. Elle encourage à prêter attention à tout sauf aux rythmes, aux mètres, au vocabulaire, aux intensités émotionnelles et aux nuances de la rage terroriste elle-même, c’est-à-dire à l’idéologie islamiste et à ses modes

d’expression. La rage terroriste repose sur la haine, et la haine est une émotion qui est aussi un discours, en l’occurrence un discours élaboré composé de tracts, de poèmes, de chants, de sermons et de tout ce qui peut alimenter un système idéologique parfaitement huilé. Pour comprendre le discours, il faut disposer de ce que l’on pourrait appeler une « poétique ».

Or, la doctrine des causes profondes est antipoétique. En cela, elle représente une régression par rapport à la poésie antique. Elle nous empêche de comprendre ceux-là mêmes qui veulent nous tuer. Pire : la doctrine des causes profondes nous induit à penser que la rage insensée, étant le résultat prévisible d’une cause, ne saurait être vraiment insensée. Pire : la doctrine des causes profondes nous conduit au soupçon que nous pourrions nous-mêmes en être la cause.

Après les attentats du 11 septembre 2001, de nombreuses personnes ont considéré que l’Amérique avait eu ce qu’elle méritait. Il y a dix mois en France, on entendait que les caricaturistes de Charlie Hebdo l’avaient bien cherché, que les juifs l’avaient bien cherché. Et on commence déjà à entendre la même rengaine à propos des supporteurs du Stade de France, des gens venus dîner au restaurant ou écouter du rock. De cette manière, la doctrine des causes profondes, qui promeut une certaine forme d’aveuglement, nous enlève jusqu’à l’envie de résister.

Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria

Paul Berman est un écrivain et essayiste américain. Il est notamment l’auteur des "Habits neufs de la terreur" (Hachette Littératures, 2004) et de "Cours vite camarade !" (Denoël, 2006). The New York Review of Books, The New Republic, ou la revue d’études juives Tablet ont publié ses articles. Historien de la gauche, il en a critiqué les positions à l’égard de l’Islam radical, qui sont à ses yeux trop conciliantes.

En 2003, il a défendu l’idée de la guerre en Irak, tout en condamnant la manière dont elle a été conduite par l’administration Bush.

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