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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

racisme et antisemitisme

Refuser la censure des religieux

Publié le 8 Octobre 2012 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Il y a un an, les intégristes catholiques s’en prenaient au Théâtre de la Ville en perturbant les représentations de Sur le concept du visage du fils de Dieu, pièce de Romeo Castellucci. Le groupuscule Renouveau français et l'Institut Civitas, deux mouvements proches de l'extrême droite "dont le but est la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ" soutenaient ces manifestations de "jeunes catholiques", déjà à l'origine de la destruction, en avril 2011 à Avignon, d'une photographie de l'Américain Serrano, Piss Christ

Ces jours-ci, manifestations semblables lors du Printemps de Septembre de Toulouse où a été retirée l'oeuvre de l’artiste marocain Mounir Fatmi, après les protestations de musulmans blessés de voir des passants marcher sur des versets du Coran, projetés au sol.  Au coeur de la contestation : la projection de l'installation vidéo Technologia sur le sol du Pont-Neuf qui franchit la Garonne. Elle montre des cercles inspirés des "rotoreliefs" de Marcel Duchamp et tournoyant avec, à l'intérieur, des versets calligraphiés du Coran et des hadiths (paroles) du prophète Mahomet. 

Au même moment et comme elle le fait chaque année depuis 1999, l'Organisation de la conférence islamique (qui regroupe 57 pays) vient de lancer une offensive diplomatique pour demander la reconnaissance en droit international du crime de blasphème.

De leur côté, des dignitaires religieux chiites iraniens ont réactivé la fatwa prononcée il y plus de vingt ans contre Salman Rushdie, lors de la parution de son roman Les Versets sataniques et augmentée de 500 000 dollars alors que se développe une agitation, souvent violente, provoquée par le film américain anodin, jugé blasphématoire contre la personne du prophète Mahomet.

De même, au Pakistan, la loi antiblasphème est utilisée de façon répétée pour justifier les persécutions contre les minorités chrétiennes.

 

Dans une récente tribune publiée dans Le Monde, Rachid Azzouz, agrégé d'histoire-géographie (il est ou a été inspecteur d'académie, inspecteur pédagogique régional d'histoire géographie et instruction civique), l’écrivaine Mazarine Pingeot, Philippe-Gabriel Steg, professeur de cardiologie, le réalisateur Mohamed Ulad et l’avocate Isabelle Wekstein (elle opère en duo avec la journaliste Souad Belhaddad  dans des établissements scolaires difficiles  pour inculquer des rudiments de civisme aux collégiens) soulignent, à la suite d’autres, que, en invoquant le blasphème, ce qui se joue au travers de ces phénomènes simultanés est la liberté d’expression.  Isabelle Wekstein et Souad Belhaddad  interviennent là où l'insulte - raciste de préférence - est le mode d'expression le plus fréquent, là où les préjugés et les réflexes communautaristes remplacent la culture et le raisonnement. Exemple : Mohammed, en 5e au collège Barbara-Hendricks d'Orange (Vaucluse), est plié de rire. Souad Belhaddad  se plante devant lui et, tout sourire, lui lance : « Tu sais, Mohammed, quand je t'ai vu entrer dans la classe, je me suis dit, tiens, celui-là il a une tête de bougnoule, il a une gueule de sale Arabe ! » Le visage du garçon se fige, il se tasse sur sa chaise. La jeune femme poursuit d'un ton tranquille : « Tiens, "sale pute" ou "crevard de feuj", ça te fait rire. Mais quand on dit "sale Arabe", tu ne rigoles plus du tout ? Moi non plus, quand on m'a traitée de sale Arabe, cela ne m'a pas fait rire ».

 

Dans ce climat d’intolérance et de bêtise, toute politique d'apaisement ou de compromis avec les censeurs religieux constituerait une abdication. Comme le disait Churchill à l'attention du Premier ministre Chamberlain rentrant de Munich après avoir signé les accords avec Hitler : "Vous aviez le choix entre la paix et l'honneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre."

Prétendre qu’il faut se montrer responsable, comme l’ont avancé récemment le premier Ministre et son ministre des Affaires Etrangères est un encouragement à se taire ou à faire le dos rond alors qu’il s’agit de dire bien haut et sans ambiguïté notre refus de la censure et notre volonté de défendre la liberté d’expression.

Comme l'écrit André Gide dans son Journal, "il est certaine façon d'adorer Dieu qui fait l'effet d'un blasphème. Il est certaine façon de nier Dieu qui rejoint l'adoration".

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La Shoah et les musulmans britanniques

Publié le 20 Mars 2012 par Jean Mirguet dans Racisme et antisémitisme

Il y a quelques mois, je me suis trouvé être l’un des destinataires d’un mail faisant état d’articles antisémites et négationnistes émanant de médias du Hamas. La Shoah y était désignée comme étant une invention juive et la promotion y était faite du Protocole des Sages de Sion.

L’information émanait du MEMRI, Institut de Recherche des Medias du Moyen-Orient, qui informe ses lecteurs des rapports journalistiques rédigés en arabe, des éditoriaux et autres sources médiatiques à thèmes antisémites.

Dans le cadre de son projet de documentation sur l’antisémitisme, l’une des activités du MEMRI consiste à recenser les articles arabes antisémites parus ces dernières années puisque l'antisémitisme arabe est devenu l'un des principaux catalyseurs des incidents antisémites dans le monde. Le MEMRI émet donc régulièrement des dépêches. Récemment, l’une d’entre elles rendait compte d’un article publié le 15 février 2012, commémoration de l´Holocauste au Royaume-Uni.

En voici le contenu, paru dans le Times of London. Son auteur est le progressiste arabe Mehdi Hassan. Il réside au Royaume-Uni.

 

Aujourd´hui, pour la douzième fois consécutive, le Royaume-Uni commémore la Journée de l´Holocauste, la libération d´Auschwitz le 27 janvier 1945.

 

Il est douloureux pour moi de l´admettre, mais l´attitude de certains de mes frères musulmans face à l´Holocauste est source d´une grande honte pour moi. Au Moyen-Orient, la réfutation de l´Holocauste est un phénomène répandu, du président [Mahmoud Ahmadinejad] d´Iran aux chauffeurs de taxi du Caire. L´attitude des musulmans britanniques se caractérise non seulement pas la réfutation, mais aussi par l´indifférence.

 

Certains musulmans et mosquées participent à la Journée du Mémorial. En 2006, un sondage sur la 4ème chaîne a révélé qu'un quart des musulmans britanniques ne savaient pas ce qu'était l´Holocauste, et que seulement un sur trois y croyait. C´est scandaleux. Comment pouvons-nous prétendre être des musulmans européens dignes et intégrés, et ignorer un moment critique de l´histoire de ce continent ?

 

Nous, musulmans britanniques, préférons nous vautrer dans une victimisation déplacée. Seules ´nos´ tragédies importent : on n´entend parler que de la Palestine, de l´Irak, l´Afghanistan, du Cachemire et de la Tchétchénie. Mais aucune de ces [tragédies] ne dépasse la barbarie de l´Holocauste. Le génocide nazi ne peut être relativisé ou généralisé. Ce fut un massacre industriel sans précédent, un crime unique par son horreur dans l´histoire de l´humanité.

 

"La souffrance des Palestiniens ne se trouve pas amoindrie par la minimisation du meurtre des Juifs d´Europe"

 

Et pourtant, entre 2001 et 2007, le Conseil musulman de Grande-Bretagne a pris la décision moralement infâme (et stratégiquement stupide) de boycotter cette journée, demandant honteusement à ce qu´elle soit renommée ´Journée de commémoration du génocide´. En 2008, le boycott est tombé, mais uniquement pour être renouvelé en 2009, après l´attaque israélienne contre Gaza. Je ne céderai face à personne dans mon soutien à la cause palestinienne. Mais réfuter ou ignorer l´Holocauste ne fait pas avancer la cause. La souffrance des Palestiniens ne se trouve pas amoindrie par la minimisation du meurtre des Juifs d´Europe.

 

En participant à des événements commémoratifs, les musulmans britanniques pourront imiter notre prophète. Mahomet a une fois vu passer un cortège funèbre juif et s´est levé en signe de respect. Ses compagnons lui ont demandé pourquoi il s´était levé pour un Juif mort. ´N´est-ce pas un être humain ?´, a répondu le Prophète.

 

´Tout homme est ton frère´, a une fois déclaré le grand calife musulman Ali ibn Abu Talib, ´ton frère dans la foi ou ton frère humain´

 

L´islam n´est pas une confession exclusive ou séparatiste. Heureusement, depuis 2010, le Conseil a renoncé à son boycott. Mais la communauté musulmane britannique dans son ensemble doit faire beaucoup plus pour se souvenir de l´Holocauste, soit en accueillant la tenue d´événements dans nos mosquées, soit en envoyant nos enfants visiter Auschwitz.

 

´Tout homme est ton frère´, a une fois déclaré le grand calife musulman Ali ibn Abu Talib, ´ton frère dans la foi ou ton frère humain´. Le jour de la commémoration de l´Holocauste, tenons-nous aux côtés de nos frères juifs afin de faire ensemble le deuil de six millions d´âmes innocentes."

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