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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

Nous vivrons

Publié le 11 Octobre 2023 par Jean Mirguet in Israël et Palestine

Récemment, le dessinateur, écrivain et réalisateur Joann Sfar, connu pour ses séries Le Chat du rabbin, publiait un dessin du symbole Haï associant deux lettres de l'alphabet hébreu, le het et le youd, qui signifie « vivre », « vivant », accompagné de ce message : « Nous vivrons ».

Dans un entretien édité dans le prochain numéro du Point, il revient sur ce message de vie, après les effroyables exactions commises contre Israël et ses habitants. Il pointe du doigt ceux qui choisissent de se taire ou qui, à force de contorsions verbales ignobles, tentent de justifier la barbarie des terroristes ayant égorgé des civils, y compris des bébés, par centaines, ce qui s’appelle un pogrom.

Joann Sfar rappelle qu’avant l'attaque du Hamas, Israël était tout entier opposé à Benyamin Netanyahou et manifestait toutes les semaines contre lui. En une journée, le Hamas a réussi à unir tout Israël derrière son gouvernement actuel.

Il rappelle des vérités historiques indiscutables et que, à l’encontre de ce qui s’entend, chez les jeunes en particulier, « qui s'imaginent que Gaza est occupé par des Israéliens, il n'y a pas un seul Israélien à Gaza depuis 2006. Le Hamas est un mouvement islamique financé par l'Iran et dirigé par des gens qui se trouvent au Qatar. Il a pris le pouvoir à Gaza en abattant une centaine de chefs du Fatah, l'autorité palestinienne.

Depuis cette époque règne à Gaza un ordre qui relève de l'État islamique : on jette les homosexuels des toits, les opposants sont tués et traînés derrière des poteaux et les milliards que donne la communauté internationale pour les Palestiniens vont dans les caisses du Hamas pour construire des tunnels et acheter des armes plutôt que pour construire des hôpitaux, des écoles… Que l'on soit clair : le but du Hamas n'est pas la création d'un État palestinien, c'est l'extermination de tous les Juifs d'Israël. Face à ce projet, il est évident que les Israéliens doivent se défendre. Aujourd'hui, ce que l'on peut constater, c'est que la paix vient de reculer de vingt ans, et c'est tragique.

Si notre jeunesse est solidaire de la cause palestinienne et si elle souhaite qu'il y ait un jour un État palestinien, dans ce cas-là il faut réhumaniser les deux partis et il ne faut pas excuser les crimes du Hamas qui sont au-delà du terrorisme. Quand on viole des jeunes femmes et qu'on exhibe leurs cadavres, quand on va chercher une vieille dame, qu'on l'abat à bout portant et qu'on poste le cadavre sur son Facebook, quand on enlève des enfants et qu'on les maltraite… on est dans quelque chose qui est de l'ordre des pires crimes de guerre ».

Le week-end dernier Joann Sfar diffusait un message dans lequel il affirmait que  « celles et ceux qui, depuis des années, ouvrent les bras au Hamas et à ses alliés sont les ennemis déclarés de la Palestine et d'Israël. Ils ont sur les mains le sang des pogroms ».

A la question de savoir si, après les attentats de Mohammed Merah à Toulouse en 2012, puis ceux contre Charlie Hebdo en 2015, quelque chose avait changé dans l’opinion publique, Joann Sfar répond qu’ « il y a une immense lâcheté collective ». « Quand en 2014, il y a eu cette manifestation près de la Bastille, qu'une synagogue a été attaquée aux cris de « mort aux juifs » dans la rue et qu'après on a interrogé Jean-Luc Mélenchon à ce sujet,  il a répondu : « Je n'ai rien entendu, il ne s'est rien passé »… Il y a toute une part de la société française qui, pour plusieurs raisons, refuse de s'exprimer sur cette question, de condamner clairement ».

Pour lui, alors que les juifs représentent moins de 1 % de la population française, plus de 40 % des agressions racistes violentes sont commises contre eux. « On s'est résigné à ça. La haine des juifs est multiple et il ne faut pas me faire croire que la haine qu'exprime le Hamas aujourd'hui relève du projet territorial palestinien. C'est une haine exterminatrice qui prend ses origines dans le fanatisme religieux. J'ajoute que les gens qui veulent que l'on confonde l'Islam, le monde arabe et de l'autre côté le Hamas et les mollahs, ce sont eux les islamophobes, ce sont eux les racistes anti-arabes. Le Hamas est le plus grand ennemi de la Palestine ».

Il précise que s’il a publié ce Haï, c’est en référence à « l'hymne d'Israël : « Am Yisrael chai », qui signifie « Israël survivra ». Et depuis la création de l'État hébreu, la seule chose que demandent les Juifs, c'est de survivre. Il faut savoir que les gens qui ne veulent pas de juifs en Israël ne veulent pas non plus de juifs en dehors d'Israël. Je pense que là où ils souhaitent que l'on soit, c'est sous la tombe. On leur répond : pas tout de suite ».

En ne condamnant pas clairement la barbarie du Hamas, Mélenchon et ses affidés Panot et Bompard, rejoints par le marginal Besançenot, ne peuvent prétendre représenter la gauche. Ils ont commis une faute morale impardonnable. Même si « le sang sèche vite » comme le formulait De Gaulle, il faudra ne pas oublier les propos de ces activistes qui se revendiquent de gauche en mettant sur le même plan Israéliens et Palestiniens, à un moment où il n'est pas décent de le faire. Là également, le devoir de mémoire doit s’imposer.

Il ne faudra pas oublier non plus cette marionnette grandeur nature d'un banquier juif ressemblant à Emmanuel Macron, qui était portée lors d'une manifestation parisienne, de l'Opéra à Bastille, à l'appel de La France insoumise le 5 mai 2018 : un nez crochu, des doigts crochus pour attraper d'autres dollars que ceux qui dépassaient déjà des poches de son costume... L'étonnant, c'est que cette mise en scène antisémite ne fit pas scandale.

Quand l’antisémitisme de ceux qui se proclament « de gauche », camouflé sous la langue de bois et la lâcheté des déclarations, fera-t-il scandale ?

Il faut condamner cette attaque sans ambiguïté et avec la plus grande fermeté, et, en même temps, comme le souligne le géopolitologue Dominique Moïsi,  se poser la question des origines de cette sauvagerie.

Mais analyser la cause n'est pas justifier l'action.

 

 

 

 

 

 

 

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