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QUE PUIS-JE SAVOIR ?

Tenter de percevoir les mouvements profonds qui décident de la marche de l’histoire.

"Mon nom est Personne", un western spaghetti pas si nanar que ça, par Michel Brun

Publié le 21 Mai 2013 par Michel Brun in Cinéma

Mon nom est personne"Mon nom est Personne" est un western spaghetti de Tonino Valerii, sorti à l'écran en 1973 sur une musique d'Ennio Morricone. Les interprètes principaux en sont Henry Fonda dans le rôle de Jack Beauregard et Terence Hill dans celui de "Personne". Programmé à l'occasion du lundi de Pentecôte sur France 2, ce film était probablement destiné à jouer le rôle de bouche-trou à une heure de faible audience télévisuelle.

Considéré comme un nanar, ce film a dans l'ensemble fait l'objet d'assez mauvaises critiques. Or, pour pouvoir l'apprécier il convient de le regarder au deuxième, voire au troisième degré. Et c'est alors que l'on découvre un petit bijou. Pour ceux qui s'intéresseraient au détails de l'histoire  le mieux est de revoir le film, ou à défaut d'en lire le récit sur Wikipédia.

Il s'agit de la rencontre entre un jeune aventurier (Terence Hill), se présentant sous le pseudonyme de "Personne", et Jack Beauregard (Henry Fonda), que "Personne" a toujours considéré depuis son enfance comme son héros. Beauregard fut un justicier hors pair, célèbre dans toute la région en raison du nombre impressionnant  de ses  exploits. 

"Personne" rêve de voir son héros vieillissant accomplir un dernier fait d'armes : affronter à lui seul la "Horde sauvage", bande qui sème la terrreur sur l'ensemble du territoire, afin qu'il entre définitivement "dans les livres d'Histoire".

Le fin du scénario est une mise en scène, jubilatoire, de ce sans nom qu' est "Personne" à la recherche de sa propre identité, grâce à l'élection de celui qu'il va considérer comme son père symbolique. Le script se présente comme une sorte d'épopée tragi-comique, où le héros, par sa mort finale, doit rejoindre le monde des ancêtres glorieux et des dieux. Bien entendu, Beauregard n'en veut rien savoir, espérant seulement se rendre à la Nouvelle Orléans et s'embarquer vers l'Europe pour y vivre une paisible retraite. C'est compter sans l'obstination de "Personne" qui va tout faire pour que Beauregard affronte malgré lui la Horde sauvage. Mais cela n'est pas suffisant, car pour entrer dans la légende Beauregard doit mourir. A la fin du film Beauregard est donc tué par "Personne" devant la foule assemblée, au cours d'un spectaculaire duel au   revolver.

Son destin est accompli. Il est enfin devenu une légende, matérialisée par une tombe érigée à sa gloire. Mais en fait le duel entre les deux protagonistes est truqué. Il n'est qu'un semblant permettant à "Personne" d'aller jusqu'au bout de son rêve. Et cette mort fictive présente à terme l'avantage de maintenir vivant l'amour qui s'est progressivement instauré entre les deux hommes, "Personne" ayant trouvé un père, Beauregard s'étant découvert un fils.

Freud aurait eu sans doute son mot à dire à propos de cette fable : les rapports du fils au père sont toujours pris dans l"ambivalence entre l'amour  et la haine. Quant au père symbolique, le père du nom, on sait depuis "Totem et Tabou" que c'est le père mort.

 

 

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