Delphine Horvilleur, la troisième femme rabbin de l’hexagone, nous a parlé le 3 mars sur France Culture du rapport à la mort. Mais n’était-ce pas en réalité un prétexte pour célébrer le vivant ? Ce qu’elle a fait de manière éblouissante. Et cela m’a donné l’envie d’extraire quelques perles de son discours.
Par exemple, la laïcité ne consiste pas à opposer deux mondes : celui de ceux qui sont croyants à celui de ceux qui ne le sont pas, mais à faire de la place à l’autre. Pour que soient possibles le partage et le vivre ensemble.
On peut ailleurs entendre à demi-mot dans les propos de Delphine Horvilleur que la barbarie s’accompagne nécessairement d’une confusion entre le sacré et le profane. Car en fait « ne pas pouvoir rire de Dieu, c’est le profaner ».
Autre audace de la pensée chez Delphine Horvilleur, sous la forme d’un rapprochement entre la tradition rabbinique et la psychanalyse dans la place qui est faite à l’interprétation : porter un texte au second degré, c’est-à-dire lui donner un nouveau sens, permet de raccourcir la distance entre la bouche et l’oreille. Comment ne pas y déceler une forme insue de l’amour, celle qui, en nous restituant notre impensé, nous donne accès à notre propre altérité. Car là où il y a de l’altérité il y a de l’amour. Belle occasion de rendre ici hommage à Levinas pour qui l’infini est impossible à totaliser. Infini dont la trace se révèle dans le visage de l’autre.
Bref, Delphine Horvilleur illustre au mieux ce qu’est une parole ouverte. Et c’est un vrai bonheur, car elle nous montre qu’il est toujours possible de combiner les ressorts de l’intelligence aux ressources du cœur.